Vidéo : portrait de notre nouveau ministre Bertrand Cazeneuve
Publié le 22 Avril 2014
VIDEO. Deux jours avec Bernard Cazeneuve, le premier flic de France
Sa nomination Place Beauvau a déjoué tous les pronostics. Peu connu du grand public, Bernard Cazeneuve succède au populaire Manuel Valls. Portrait à travers ses premiers pas.
Saint-Lô (Manche), le 11 avril. Sur la route du retour d’un déplacement, le ministre de l’Intérieur s’arrête pour offrir un verre à ses collaborateurs. | (LP/Arnaud Journois.)
Affaires européennes, Budget, et maintenant Intérieur : le discret Bernard Cazeneuve, 50 ans, dont près d'une vingtaine en tant qu'élu à Cherbourg (Manche), est désormais en pleine lumière. Nous l'avons suivi deux jours durant dans ses débuts en tant que « premier flic de France ». Impressions.
« La politique, un sacerdoce »
Ce mercredi, à l'Assemblée nationale, la séance des questions va démarrer dans dix minutes. Seul dans le vaste hémicycle, Bernard Cazeneuve est déjà assis à sa place, visage fermé, peaufinant les réponses aux questions qu'il connaît déjà. « Je ne suis pas stressé, mais concentré », dit le nouveau ministre de l'Intérieur, sur le banc duquel vont bientôt s'asseoir François Rebsamen et Benoît Hamon. Nommé à Beauvau à la surprise générale, l'ancien ministre délégué au Budget a la réputation d'être un gros bosseur. Jamais de vacances. Levé chaque matin à 5 h 30. Une discipline de moine. « La politique est un sacerdoce », dit-il, désolé du chahut auquel se livrent souvent ses collègues députés. Et succéder au très populaire Manuel Valls, devenu Premier ministre, n'est pas une mince affaire. « Je resterai moi-même », promet-il.
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La famille, ce refuge
Son fils prépare Normale sup, sa fille est au lycée, son épouse travaille dans l'édition pour enfants. Une famille « normale », que Bernard Cazeneuve essaie de préserver. « Je ne dîne jamais en ville. Du coup, je les vois souvent le soir », assure le ministre. L'absence de vacances en famille, il la compense en s'octroyant avec eux des week-ends dans sa maison de l'Oise. « Quand je n'y travaille pas, je lis, j'écris ou je m'occupe de mes roses. »
Et quand les Cazeneuve sont de sortie, c'est à l'Opéra-Comique ou au cinéma qu'ils se rendent. « Paradoxalement, plus j'ai pris des responsabilités, plus je me suis rapproché des miens. Il faut toujours se rappeler d'où l'on vient. La famille aide à garder les pieds sur terre. »
Une sécurité de chef d'Etat
« Je ne suis plus jamais seul, même pour acheter une baguette. » Lors du déplacement à Cherbourg du ministre de l'Intérieur, quatre voitures suivaient la sienne, blindée, lancée à 180 km/h. A pied, un agent de sécurité portant une valise en kevlar de 3 kg le suit. Equipés d'oreillettes et dotés d'une impressionnante musculature, une armada de Men in Black, agents de sécurité plus ou moins discrets, s'attachent à ses pas et le couvent du regard.
Cazeneuve : « Arrêtons d'opposer police et justice »
Sur fond de projet de réforme pénale, les relations entre Christiane Taubira et Manuel Valls s'étaient franchement dégradées. Qu'en sera-t-il avec le nouveau ministre de l'Intérieur ? Le maintien de la ministre de la Justice à son poste et l'annonce que son projet de réforme serait examiné par les députés en juin ont surpris tout le monde. « Elle-même ne s'y attendait pas », ironise un membre de cabinet. Dans l'entourage de Cazeneuve, on reconnaît à mots couverts que la relation avec Taubira est « une question sensible ». « Tous deux se connaissent et s'estiment », tente de désamorcer un conseiller. « Elle est extrêmement narcissique », avance un autre. « C'est un peu tôt pour en parler », biaise un troisième. « Nous avons de bonnes relations », tranche Bernard Cazeneuve.
A sa manière souriante et ronde, le nouveau ministre de l'Intérieur a déjà prévenu : il va « poursuivre et amplifier » la politique de son prédécesseur. Et tout va bien se passer, assure-t-il. « Il faut arrêter d'opposer justice et police. » Développement des zones de sécurité prioritaires, lutte contre les cambriolages, plan contre la « délinquance d'appropriation » qui sévit dans les campagnes, réforme territoriale... le cahier de route compte de nombreux sujets potentiels de friction. « Il faut une sanction pénale quand des faits délictueux sont constatés », élude le ministre, tout à coup friand de généralités. Comme l'ex-locataire de la Place Beauvau, il ne manque pas une occasion de rappeler que « la lutte contre la récidive est une priorité ». « Je verrais bientôt Christiane Taubira pour qu'on articule nos actions », promet-il.
Élisabeth Fleury | Publié le 21.04.2014, 07h06