Metronews / SDPM : Beauvais (60) dit "non" à une police municipale armée
Publié le 28 Septembre 2015
A Beauvais, la police municipale ne sera pas armée. A la question "Êtes-vous favorable à (son) armement en arme de poing ?", les Beauvaisiens ont répondu "non" à 67%. Les 34.000 électeurs - sur 52.000 habitants – de la ville-préfecture de l'Oise étaient invités dimanche à se prononcer au cours d'un référendum local initié par la maire Les Républicains, Caroline Cayeux. C'est à elle, comme à tous les maires de France, que revenait l'épineuse question de l'armement municipal. Mais durant sa campagne 2014, la sénatrice n'avait pas pris position. "Après les attentats de janvier, il y a eu une demande forte des policiers municipaux. Nous en avons débattu avec la majorité mais il n'y a pas eu d'unanimité sur le sujet. Nous avons voulu donner la parole aux administrés", nous explique la maire jointe par téléphone.
Si pour elle, le "résultat très net est une surprise", la consultation locale ne semble pourtant pas avoir passionné les foules. Seuls 18,6% se sont déplacés dans les bureaux de vote. "Suffisamment parlant", estime pourtant Caroline Cayeux. "Je ne pensais pas qu'il y aurait un tel écart même si j'avais senti sur le terrain que les gens étaient un peu effrayés à l'idée de voir nos policiers armés. Les habitants se rendent comptent que Beauvais est une ville plus sûre que d'autres", fait-elle valoir.
"Loin de la réalité du terrain"
Mais pour l'opposition, cette "participation ridicule" renvoie au contraire l'édile "à ses responsabilités". "C'est au maire de trancher sur la question de l’armement des policiers et à personne d'autre", fustige Mehdi Rahoui. Si le conseiller municipal PS d'opposition se dit néanmoins opposé à l'armement des agents, la tenue de ce référendum est pour lui "une pirouette politicienne". "A Beauvais, les policiers municipaux sont très sollicités et exposés. On n'a pourtant pas à demander à la police municipale de se substituer à la police nationale." Pour l'opposition, la solution est simple : "demander le classement de Beauvais en ZSP (zone de sécurité prioritaire) afin de donner plus de moyens à la police". "Mais en termes d'image, la maire s'y est toujours refusée", déplore-t-il.
Quant au Syndicat de Défense des Policiers Municipaux (SDPM), favorable à l'armement, le référendum local a fait l'effet d'une douche froide. Son Président, Cédric Michel, interrogé par metronews, reste "persuadé que la majorité des administrés de Beauvais ne sont pas contre". "Ils ne sont pas toujours éclairés sur la réalité du métier et les risques encourus", développe-t-il en pointant du doigt un référendum "orienté". "Il n'y a pas eu de contradiction au cours du débat public mené à Beauvais. Les arguments exposés ne tenaient pas compte du point de vue des policiers municipaux. À aucun moment, un syndicat a été invité à défendre leur position. Et si l'on dit aux administrés 'attention l'armement des policiers n'est pas une nécessité, mais va engendrer un coût supplémentaire pour la municipalité, forcément, on oriente les opinions'". Un argumentaire rejeté par la maire qui assure que "le débat a été ouvert et que tout le monde a pu s'exprimer".
Débat national
Au-delà des enjeux locaux, le représentant des policiers municipaux espère un vrai débat national. "Il nous faut discuter ensemble de l'armement et légiférer sur la question. Après les attentats, nous avons mis en place vigipirate et demandé aux policiers municipaux de remplir des missions à risques. On se retrouve aujourd'hui dans des situations ubuesques où certains assurent les mêmes missions de sécurité publique que les policiers nationaux. A la différence près qu'ils ne sont pas armés. Lorsqu'ils seront face à un individu dangereux, ils n'auront pas le droit de sauver leur vie, assène Cédric Michel, rappelant la mort de Clarisse Jean-Philippe, la policière municipale non armée, abattue à Montrouge. Sur le sujet, il y a un réel manque de responsabilités du maire et de l'Etat".
Après les attentats de janvier 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait débloqué des crédits pour l'achat de gilets pare-balles et plus de revolvers pour les policiers municipaux. Mais le gouvernement s'était dit hostile au port d'arme généralisé tout comme l'Association des maires de France.