Le SDPM sur Sputnik News (AUDIO) : "La sécurité, c'est notre mission première"
Publié le 3 Août 2016
Alain Dal, délégué départemental du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), prône résolument l'armement de tous les policiers municipaux et explique ses raisons.
"On est policier, on n'est pas des jardiniers ou autre. Notre travail, c'est la voie publique. C'est la sécurité, la sûreté de la population, c'est notre mission première. Sachant que nous sommes des policiers de terrain", affirme-t-il dans un entretien accordé à Sputnik.
Les policiers municipaux passent 90 à 95 % de leur temps de travail sur la voie publique. Leurs homologues de la police nationale qui ont des prérogatives supplémentaires, au contraire, réduisent leur temps de travail sur la voie publique. La position des maires qui s'opposent au port d'armes peut être compréhensible par rapport à une image du maire qui reste dans son contexte de police de proximité, qui a la crainte de voir des policiers municipaux aller au contact de la population avec une arme, poursuit M. Dal. Or, les collègues de la police nationale, l'époque de la PUB (Police urbaine de proximité), on ne les avait pas désarmés pour faire de la police de proximité.
On est encore loin de l'autorisation universelle de port d'armes, partout en France. Le système est complexe vu que le policier municipal est placé sous l'autorité du maire et le policier national, lui, dépend de l'Etat, du ministère de l'Intérieur. Puis, avant d'être équipé d'une arme, il faudra que chaque policier municipal passe des tests théoriques et pratiques et bénéficie d'une formation de 45H. Tout cela sera-t-il suffisant en cas de confrontation avec un djihadiste?
"La formation est la même que les collègues de la force d'Etat", explique l'interlocuteur de Sputnik. "Nous avons des moniteurs en maniement d'armes, qu'on appelle MMA (…). On a eu les premiers attentats, où les individus étaient armés d'armes de guerre qui étaient équipés, c'était le premier contact avec ce type de terroristes. Là, on s'aperçoit que le terroriste peut apparaitre sous toutes les formes et avec tout type de moyen. L'arme de poing, même avec la formation que nous avons, peut enrayer un acte de terrorisme, comme on l'a vu dernièrement. Le policier municipal armé ne pourra pas forcément sur toute situation mais au moins essayer de ralentir un acte au couteau, un acte avec une arme à feu: c'est un outil supplémentaire".
L'autorisation de port d'armes pour les policiers municipaux est encadrée par une convention de coordination, signée entre la commune et la police nationale, ou la gendarmerie nationale. Le maire doit en faire une demande nominative auprès du préfet. Petite nouveauté: l'armement des policiers municipaux est de fait facilité grâce à l'article 16 de la loi n°2016-987 du 22 juillet prolongeant l'état d'urgence. Les maires peuvent demander une autorisation de port d'armes sans avoir à justifier d'une situation particulière, alors que naguère ce n'était pas le cas.
Cependant, la catégorie d'armes dont les policiers municipaux disposeront n'est peut-être pas suffisante, déplore le policier.
"Ce sont des révolvers de calibre.38 Special", précise-t-il. "La police municipale pour l'instant est autorisée à détenir des.38 Special ou des 7,65. C'est un tout petit calibre, désuet à notre époque, qui éventuellement pourrait traverser la tôle d'une portière mais n'irait pas plus loin. Le.38 est un peu plus puissant, mais c'est complètement désuet et qui plus est, nos collègues des forces d'Etat, qui ne sont pas seuls sur leur commune, sont armés en arme de 9mm, qui est un calibre d'armes de guerre".
Alors que les policiers municipaux, sauf certains, se retrouvent tout seuls, non armés ou armés avec des armes désuètes. Donc voilà: le calibre n'est pas encore efficace par rapport à la réalité et c'est pour ça que nous demandons d'avoir également le même type de calibre que nos collègues, résume-t-il.
Alors pourquoi la vie d'un policier municipale aurait moins de valeur que celle des policiers nationaux?