BFMTV : Attentats - De nouvelles communes arment leur police municipale
Publié le 3 Août 2016
Plusieurs maires, notamment ceux de Pau, de Belfort et de Thonon-les-Bains, ont annoncé avoir décidé d'armer leur police municipale après l'attentat de Nice.
Des revolvers, et non plus de simples flash-balls. Après les derniers attentats survenus en France, et particulièrement l'attaque meurtrière au camion de Nice, plusieurs maires ont décidé d'armer la police municipale de leur ville.
Dernier en date: François Bayrou. Jusque là réticent à une telle mesure, le maire MoDem de Pau a annoncé que les 35 policiers municipaux allaient porter les armes. "Sur la promenade des Anglais, la police municipale et la police nationale avaient les mêmes missions", a-t-il fait valoir, "pour arrêter un véhicule fou ou meurtrier, nos armements contre les incivilités, c'est-à-dire flash-ball et taser, évidemment, contre un véhicule lancé, ne servent à rien".
La semaine précédente, les maires de Belfort et de Thonon-les-Bains avaient fait des annonces similaires.
"Moins de la moitié" des policiers municipaux armés
Plusieurs villes avaient passé le pas peu avant l'attaque sur la promenade des Anglais. Les policiers municipaux de Romilly-sur-Seine, dans l'Aube, sont armés depuis le 20 juin, ceux de Saint-Quentin, dans l'Aisne, depuis le 13 juillet.
D'autres vont débattre du possible armement des policiers municipaux, comme à Evreux, dans l'Eure, où à Argentan, dans l'Orne, cette dernière commune envisageant d'organiser une votation citoyenne sur la question.
A contrario, certains maires se refusent à armer leurs policiers municipaux, comme à Nantes ou à Besançon par exemple, estimant que les missions régaliennes incombent à la police nationale.
Au total, à l'heure actuelle, sur les quelque 21.000 policiers municipaux de France, "moins de la moitié sont armés", estimait il y a quelques jours dans Le Figaro Cédric Michel, président national du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM).
4.000 armes mises à disposition par l'Etat
Les appels à armer les policiers municipaux ne datent pas d'aujourd'hui. En 2010 déjà, le meurtre d'Aurélie Fouquet, une policière municipale de 26 ans, avait fortement ému la profession. Le débat était revenu sur le devant de la scène avec les attentats de Paris en janvier, au cours desquels la policière municipale Clarissa Jean-Philippe avait été assassinée à Montrouge, au sud de Paris.
Pour que les agents puissent être armés, il faut que le maire de la commune fasse une demande auprès de la préfecture, qui décide ou non de l'accorder. Ce n'est toutefois pas suffisant: seuls les policiers municipaux ayant passé une qualification se verront accorder par la préfecture le droit de porter une arme.
Des stocks de la police nationale
Une formation qui ne fait pas l'unanimité: pour Bastien Faudot, conseiller municipal d'opposition (MRC) à la mairie de Belfort, cité par RMC: "On peut se poser de nombreuses questions sur la formation de ces agents, qui n'offrent à l'évidence pas toutes les garanties que peuvent offrir les policiers nationaux. La question n'est pas de savoir viser mais surtout de savoir quand est-ce qu'on est autorisé à sortir son arme, dans quel contexte".
Il revient à la ville de financer l'armement des policiers. Toutefois, en novembre dernier, juste après les attentats de Paris et de Saint-Denis, le président de la République François Hollande avait annoncé devant le congrès des maires de France que les communes qui le souhaitaient auraient accès à des gilets pare-balles et des armes "prélevées sur les stocks de la police nationale". Certaines communes, dont Versailles, doivent recevoir quelques-unes de ces 4.000 armes de poing mises à disposition par l'Etat. Mais selon Cédric Michel, ce stock d'armes est déjà "quasiment épuisé".