Journal la Croix : Grâce au SDPM, l’armement des polices municipales se généralise

Publié le 9 Août 2016

Journal la Croix : Grâce au SDPM, l’armement des polices municipales se généralise

L’armement des polices municipales se généralise

Les dernières attaques ont poussé plusieurs maires à armer leur police municipale. Ces derniers mois, le gouvernement a multiplié les mesures pour faciliter leur armement.

Alain DAL, délégué SDPM dans le Journal La Croix, le 09/08/2016.

Alain DAL, délégué SDPM dans le Journal La Croix, le 09/08/2016.

Les maires avaient conscience de la menace terroriste qui pesait sur le pays. Mais les attentats de Nice (Alpes-Maritimes) et de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) ont ravivé des craintes : les terroristes peuvent frapper n’importe quand, n’importe où, même dans une église. Face à cette menace, plusieurs élus ont choisi d’armer leur police municipale.

Le 29 juillet, François Bayrou, maire MoDem de Pau (Pyrénées-Atlantiques), a annoncé qu’il allait équiper sa police. Jusqu’à aujourd’hui, il s’était montré réticent. À Belfort (Territoire de Belfort), le député-maire LR Damien Meslot a fait de même.

« Nos agents avaient des Taser et je considérais que c’était suffisant. Quand nous avons vu ce qui s’était passé à Nice, on s’est demandé : si demain ça arrive à Belfort, est-ce que notre police municipale a les moyens d’arrêter un véhicule ? La réponse était non », explique-t-il.

« Renforcer le dispositif de sécurité »

À Évreux (Eure), jusqu’aux dernières attaques, la municipalité s’était toujours refusé à armer sa police. « Nous savons bien qu’un policier municipal équipé d’une arme de poing ne peut pas répondre à un individu qui tire à la kalachnikov,indique Nicolas Gavard-Gongallud, maire adjoint LR chargé de la sécurité. Cette mesure permet de renforcer le dispositif de sécurité et de protéger les policiers municipaux qui peuvent être des cibles. »

Car ceux-ci sont souvent en première ligne sur le terrain. « Le ministre de l’intérieur a indiqué que des forces d’intervention devaient être à 20 minutes de distance de n’importe quel lieu d’action. Mais en attendant leur arrivée, nous devons avoir les moyens de pouvoir stopper un individu », estime Alain Dal, délégué au sein du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), organisme qui milite depuis plusieurs années pour l’armement.

« Une inflexion plus interventionniste et répressive »

De son côté, le gouvernement a multiplié ces derniers mois les initiatives visant à élargir les prérogatives des 21 000 agents municipaux, dont environ la moitié sont déjà armés. Pour armer sa police, un maire doit avoir l’aval du préfet. La loi du 21 juillet portant sur l’état d’urgence encourage les préfectures à accepter les demandes des élus en la matière.

En janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher à Paris, le gouvernement avait annoncé mettre à disposition des collectivités plus de 4 000 anciens revolvers de la police nationale. Un budget avait été débloqué pour aider au financement de plus de 8 000 gilets pare-balles.

Autant de mesures qui montrent que les polices municipales doivent désormais assurer des fonctions plus régaliennes. « Le développement de l’armement pour les polices municipales est significatif d’une inflexion plus interventionniste et plus répressive. Le défi aujourd’hui est de parvenir à concilier cette évolution avec la vocation initiale de proximité », analyse Virginie Malochet, sociologue à l’Institut d’aménagement d’urbanisme d’Île-de-France, spécialiste de la police municipale.

La crainte de dérives

De son côté, l’Association des maires de France (AMF) (dirigée par M. BAROIN et M. ESTROSI) redoute un glissement qui irait de pair avec un désengagement de l’État au niveau local.

« Nous ne sommes pas opposés à l’armement si le maire et le préfet le décident. Mais nous ne souhaitons pas une généralisation de l’armement imposée par l’État. Cela représenterait un danger : comment feraient les communes qui n’ont pas les moyens d’avoir une police municipale armée ? Cela poserait également un problème de responsabilité pour les maires qui n’ont pas été élus pour être des commissaires de polices », remarque Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux et secrétaire général de l’AMF.

Cette question de la responsabilité est souvent un frein pour les élus. Même si les agents reçoivent une formation avant d’être armés, les maires redoutent le jour où un policier municipal commettra une bavure. « Il n’y a pas de raison pour qu’un policier municipal en commette d’avantage qu’un autre », réfute Alain Dal, délégué au sein du SDPM.

Alban de Montigny

d'après www.la-croix.com

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