Les Echos : AMF, Les maires menacent de recentrer leur police sur la proximité, le SDPM va contrer
Publié le 12 Août 2016
Les maires menacent de recentrer leur police sur la proximité.
La tension monte autour de la sécurisation des communes. A Biarritz, les policiers municipaux viennent d'opposer au maire leur droit de retrait pour le 15 août, dénonçant « l'insuffisance du dispositif de sécurité, ne garantissant pas la protection des agents ». Les non-dits explosent depuis la polémique à Nice entre l'Etat et les élus locaux sur le rôle de chaque police. De plus en plus de maires confient vouloir réviser les missions de leur police municipale, accusant l'Etat de s'être progressivement déchargé sur les agents municipaux. En début de semaine, Christian Estrosi, qui a pourtant fait de la sécurité un thème politique local très important, a brandi la menace.
« Il y a trop de confusion entre les deux polices, autant pour la population que le commandement », prévient Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux et numéro 3 de l'Association des maires de France. Voilà pourquoi l'élu a décidé à la rentrée de débaptiser sa petite police municipale en brigade de gardes urbains, qui comptera moins d'une dizaine d'agents et ne portera plus l'uniforme bleu. « Les agents municipaux patrouillent et font des signalements au commissariat, pas plus ; ce n'est pas à nous d'intervenir dans la sécurisation. ». François Baroin, le président LR de l'AMF, avait déjà mi-juillet prévenu ne plus vouloir « d'un transfert de responsabilité de l'Etat vers les maires dans le domaine de la sécurité ».
Lettre à Bernard Cazeneuve
Certaines villes, qui déplorent depuis des années le désengagement de la police nationale, relancent le sujet. A Saint-Denis, en Ile-de-France, l'adjoint au maire Front de gauche, Madjid Messaoudene, ne décolère pas : « Des mairies mettent en place des polices municipales pour servir des politiques de communication sur la sécurité, mais d'autres, comme Saint-Denis, ont dû le faire à contrecoeur pour suppléer un retrait de l'Etat. » Selon lui, il manque 200 policiers dans sa ville. « Nous avons un ratio de 1 policier pour 80 personnes contre 1 pour 10 à Paris, alors que ce sont des villes comme la nôtre qui ont besoin de plus de renforts », explique-t-il. Meriem Derkaoui, la maire PC d'Aubervilliers, a adressé fin juillet une lettre publique au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour les mêmes raisons.
Contactée, l'association des villes de taille moyenne, Villes de France, explique que ses adhérents souhaitent organiser un débat sur le sujet à la rentrée. « C'est un sujet sensible », souffle simplement sa direction. Une étude réalisée l'an dernier montrait que ses élus étaient réticents à agir en complémentarité de la police d'Etat, contrairement aux chefs de police municipale. L'AMF compte aussi relancer le débat, assure Philippe Laurent.
Autant de positions qui font bondir le délégué du Syndicat de Défense des policiers municipaux (SDPM), Alain Dal : « Nous sommes des agents de police judiciaire adjoints et avons le devoir d'interpeller les infractions sur la voie publique et d'aider la police nationale. Aucun maire ne peut nous en empêcher. » Les associations d'élus déplorent, elles, le lobby du SDPM pour obtenir les mêmes statuts que les policiers nationaux.
M. Q., Les Echos
NOTE / LE SDPM NE LAISSERA PAS FAIRE LE COUP DE FORCE DE L'AMF DE VOULOIR DEBAPTISER LA POLICE MUNICIPALE EN BRIGADE DE GARDES URBAINS QUIT A SAISIR LA JUSTICE.
L'AMF est prévenue que le SDPM interviendra chaque fois que nécessaire, dans la presse pour rappeler que les maires, du plus petit au plus grand, sont les premiers responsables de la sécurité sur leur commune.