LE PARISIEN : Villiers-le-Bel(95), Le difficile recrutement des policiers municipaux

Publié le 7 Avril 2017

 

"Ville recherche désespérément policiers municipaux". Cette annonce, certes fictive, aurait pu être celle de la municipalité de Villiers-le-Bel.

Villiers-le-Bel. La ville essaie de recruter quatre policiers municipaux depuis 2014. Malgré cette difficulté de recrutement, elle espère voir grossir les rangs de sa police municipale d’ici quelques mois. (LP/M. G)

Villiers-le-Bel. La ville essaie de recruter quatre policiers municipaux depuis 2014. Malgré cette difficulté de recrutement, elle espère voir grossir les rangs de sa police municipale d’ici quelques mois. (LP/M. G)

Dans cette commune de près de 30 000 habitants, la police municipale compte quatre agents, dont le directeur. Cette police qui se veut de proximité, le maire (PS) Jean-Louis Marsac, veut la renforcer depuis son arrivée à la tête de la ville, en 2014. Quatre offres d’emploi sont proposées. Problème : elles ne trouvent pas preneurs.

« Ce n’est pas propre à Villiers-le-Bel, insiste-t-on en premier lieu au cabinet du maire. C’est compliqué, comme ça l’est pour d’autres communes. Des postes s’ouvrent par centaines. Il y a plus d’offres que de demandes alors les gens vont aux plus offrants. » La concurrence est en effet rude. À Villiers, pas de prime mirobolantes. Et puis, pour la municipalité, « on ne doit pas faire de la sécurité en fonction des moyens ». Parce que cela se fait au détriment « des quartiers difficiles qui en ont le plus besoin. » Pour être attractive, la ville préfère met en avant « les missions diverses et intéressantes » proposées aux agents. Ici, les policiers municipaux sont présents à chaque manifestation. Ils arpentent les rues, verbalisent les automobilistes mal garés sur la voie publique et mettent aussi en place une communication avec les habitants, les commerçants… Des discussions qui permettent de résoudre des conflits. L’idée est d’être dans la prévention.

Un argumentaire qui peine à séduire. « La difficulté de recrutement ne m’étonne pas, réagit Alain Dal du syndicat des policiers municipaux (SDPM). C’est une zone sensible, si on ne donne pas la possibilité aux agents de se protéger, ils n’auront pas envie d’y aller. » Pour lui, la clé se trouve dans l’armement. « Il faut donner les moyens aux policiers municipaux d’assurer leurs missions, insiste-t-il. Ensuite vient la question du salaire. » À Sarcelles, où le recrutement d’agents n’était pas chose aisée, un changement s’est opéré quand la municipalité a décidé d’armer ses 17 policiers. « Depuis cette annonce, on ne galère plus, ça a même entraîné des candidatures », réagit François Pupponi, le maire (PS). Pas question pour la municipalité de Villiers de céder. « Villiers-le-Bel souffre de sa réputation avec les émeutes de 2007, concède-t-on au cabinet du maire. On pourrait faire court et dire vous serez armés, mais ce n’est pas notre position à nous. Notre police municipale est là pour assister la nationale. » Villiers-le-Bel change. La rénovation urbaine passe par là. Un argument de plus pour la ville qui, compte bien, d’ici quelque temps voir grossir les rangs de sa police municipale.

« On ne les voit pas tellement »
Faut-il davantage de policiers municipaux à Villiers-le-Bel ? À cette question, la réponse des habitants croisés dans la ville est la même : « oui ». Sans surprise. « Parce que les voir, ça rassure », réagit Christiane, coquette retraitée de 77 ans, rencontrée à quelques mètres de chez elle, non loin de la mairie. Née à Villiers, elle connaît (presque) tout de cette ville. Elle s’y sent « bien », mais « le soir [elle] n’ose pas sortir si [elle n’est] pas accompagnée, confie-t-elle. S’il y avait plus de policiers municipaux peut-être que ça serait différent. Actuellement, on ne les voit pas tellement. » Un argument partagé par Solange et Maria. « Moi je ne les vois pas », réagit la première. « Je ne sais pas vraiment quel est le rôle de cette police, intervient la seconde. Parfois, si, je les vois mettre des PV sur les voitures mal garées ». En cas de problème, ces quadragénaires feraient-elles appel à ces agents ? « Non », rétorquent-elles sans réfléchir. Contrairement à Myriam. « Je pense qu’ils peuvent aider, tempère-t-elle. C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air nombreux, mais on les voit quand même ».

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