Le SDPM dans les ECHOS : L'armement des polices municipales se généralise

Publié le 13 Juin 2018

 

La nouvelle enquête de Villes de France constate une généralisation de l'armement des polices municipales sous la pression des agents et des habitants.

Enquête de Mathieu QUIRET

Le SDPM dans les ECHOS : L'armement des polices municipales se généralise

« C'est l'attentat parisien de mai dernier à l'Opéra qui a tout déclenché », raconte Caroline Cayeux, la maire LR de Beauvais. Le taser d'un des deux policiers s'est révélé insuffisant, heureusement que l'autre avait une arme létale ». A la suite de cette nouvelle attaque terroriste, l'élue a décidé de faire voter au prochain conseil municipal l'armement de sa police municipale. 

La cité picarde était l'une des dernières villes de plus de 30.000 habitants qui n'avait pas encore franchi le pas. Sous pression de sa centaine d'agents de police et de sécurité, la maire a choisi de réinterroger ses habitants qui, après les premiers attentats de 2015, s'étaient montrés à 70 % défavorables à l'armement. Un sondage Opinionway vient cette fois d'aboutir à 68 % d'avis favorables. « En 2015, je n'étais pas convaincu par l'armement mais le rapport s'est complètement inversé. J'avais prévu de faire de cette question un enjeu des municipales de 2020 mais j'ai dû accélérer les choses », justifie Caroline Cayeux. 

Enquête
L'association Villes de France (communes de moins de 100.000 habitants), que la maire de Beauvais préside, va prochainement publier son enquête sur les polices municipales. La dernière montrait qu'en 2015 quatre villes sur cinq avaient déjà armé leurs policiers. « Nous constatons aujourd'hui une généralisation », indique Armand Pinoteau, directeur administratif de l'association.

Il y a quelques semaines, c'est Maubeuge qui a fait ce choix. Le maire de Valenciennes, qui résistait depuis quatre ans, vient d'accorder la même chose à sa trentaine d'agents. Le maire de Châteauroux, Gil Avérous, annonçait il y a quelques jours dans « La Nouvelle République » qu'il lancera le débat sur l'achat de revolvers en fin d'année. Il se justifie par le fait que le rôle de la police municipale va changer : « Nos agents ne sont plus là uniquement pour gérer les tracas quotidiens. Ils prennent désormais une place plus sécuritaire, en coordination avec la Police nationale. » 

Coopération plus étroite
Seules des villes essentiellement à gauche et les petites communes assument le refus de l'armement, comme en Seine-Saint-Denis. A Biarritz, le maire Modem, Michel Veunac, figure parmi les exceptions et affronte depuis des mois des grèves de ses agents. Pour lui, ces équipements changeraient « la relation qu'entretiennent les habitants avec leur police ».

Patrick Braouezec, ancien maire de Saint-Denis et vice-président Front de Gauche de la métropole du Grand Paris, juge que les élus se sont fait avoir par l'Etat, qui se repose sur les effectifs en forte croissance des polices municipales pour limiter ceux de la Police nationale.

« Le gouvernement a clairement l'intention de rapprocher les deux polices », souligne Caroline Cayeux. Dans  son discours sur les quartiers sensibles fin mai, Emmanuel Macron a clairement appelé à une coopération plus étroite des deux corps avec les maires prêts à le faire.

Le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) dénonce, lui, la fébrilité des maires sur le sujet. Son président Cédric MICHEL relativise d'abord la diffusion de l'armement des polices municipales : « Le Centre national de la fonction publique territoriale évalue à 50 % la part des communes équipées d'une police qui protège ses agents. Nous pensons que ce rapport est plutôt à 60 % mais il reste 40 % des maires qui ne l'ont pas fait. Par exemple, dans des petites villes de 8.000 habitants qui disposent d'une dizaine de policiers. » 

2.000 À 3.000 POSTES resteraient à pouvoir selon le SDPM à cause des difficultés de recrutement, seuls un à deux concours étant organisés par an. « Les syndiqués ne sont même plus ostracisés, les DRH font appel au syndicat pour qu'on diffuse leurs annonces », sourit son président Cédric MICHEL.

Cédric MICHEL estime que l'Etat cherche progressivement à se retirer de la compétence de sécurité sur la voie publique qu'il partage avec les maires pour recentrer sa police nationale sur les infractions plus lourdes, le judiciaire, l'anti-terrorisme, etc. « Mais les maires fuient leur responsabilité, ils ne veulent pas être comptables de la sécurité quotidienne », accuse-t-il.

Les Echos le 12.06.2018

UN AUDIT SUR LA SÉCURITÉ DES PARISIENS

La maire de Paris a annoncé la semaine dernière le lancement d'ici à juillet d'un appel d'offres auprès de cabinets d'audit sur l'état de la sécurité des habitants. « Nous savons que la criminalité est faible par rapport à d'autres capitales mondiales mais qu'il y a beaucoup de cambriolages » indique Anne Hidalgo. Elle veut en particulier un premier bilan sur la mise en place d'une brigade anti-incivilités de 3.200 agents, constituée notamment grâce au transfert de 1.900 fonctionnaires de la préfecture. Cette annonce intervient alors qu'un rapport commandé par la maire, attendue pour juin, suggère d'armer les agents de sécurité de la ville. De quoi relancer le débat sur la création d'une police municipale parisienne, Anne Hidalgo ayant jusqu'ici refusé de franchir le pas face à l'hostilité de sa majorité.

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