Le SDPM dans la presse : Armement, la Bretagne fait de la résistance
Publié le 24 Novembre 2018
Sous la pression des agents et des habitants, l’armement des policiers municipaux se généralise en France. Pourtant, moins d’une commune bretonne sur dix a fait ce choix, dont la quasi-totalité des chefs-lieux.
À Vannes, les 15 policiers municipaux sont équipés d’un semi-automatique de 9 mm depuis plus d’un an.
Les policiers municipaux doivent-ils être armés ?
Depuis quelques années, de plus en plus de communes répondent « oui ». Aujourd’hui, 44 % des 21 500 agents municipaux sont équipés d’une arme à feu en France et plus de 50 % des villes moyennes. Les municipalités bretonnes suivent elle aussi cette tendance, mais sont réticentes à franchir le pas. Sur 192 communes, seules 17 ont armé leur police, en attendant Dinard. À noter qu’il n’y a aucune ville de plus de 50 000 habitants, hormis Vannes.
Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), fait figure d’ancien. Depuis 40 ans, tous les agents ont une arme. Un choix « qui n’a jamais remis en question quelle que soit l’étiquette politique des maires qui se sont succédés », assure Albert Plouhinec, maire divers droite de la commune depuis 2014. En quatre décennies, ses policiers n’ont jamais tiré sur quelqu’un. « L’arme est là dans un but dissuasif », dit l’élu. Comment peut-on mesurer son impact ? Albert Plouhinec a un exemple. « En juillet dernier, trois individus ont été interpellés en flagrant délit de cambriolage. Mes policiers ont cerné la maison, ont sorti leur pistolet puis ont attendu l’intervention de la police nationale », ajoute-t-il.
À Vannes, les 15 agents de la police vannetais disposent d’un « HK P 30 », une arme semi-automatique de 9 mm, depuis octobre 2017. Plus qu’un choix politique, c’était une nécessité, estime Jean-Michel Roussel, délégué régional du SDPM, le syndicat de la police municipale. « Dans certains quartiers, les policiers ne mettaient presque plus les pieds. L’armement permet de reprendre ces lieux », indique le syndicaliste.
Plébiscité par les agents
Qu’en pensent les premiers concernés ? « La très grande majorité des agents municipaux veut être armée », affirme le délégué Bretagne du SDPM. En septembre dernier, un rapport parlementaire de deux députés La République en Marche allait dans leur sens. Il préconisait, entre autres, d’armer tous les policiers municipaux. Ce rapport n’a pas fait changer d’avis Nathalie Appéré, la maire PS de Rennes. « Je ne connais pas d’étude sérieuse qui montre que parce qu’il y a des armes, il n’y a pas de violence. Je ne sais pas ce que le gouvernement fera du rapport. En revanche, je sais qu’un policier municipal n’est pas un policier national. Il n’a pas les mêmes prérogatives, les mêmes droits », expliquait-elle en septembre.
Autre point soulevé par les « anti-armes », la question de la formation. « Elle est identique à celle de la police nationale : pendant trois semaines, on ne fait que ça », répond Jean-Michel Roussel. Nul doute que l’armement des policiers municipaux sera un des thèmes majeurs des élections municipales 2020 dans de nombreuses communes bretonnes.
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