L'Est-Eclair : élections professionnelles, La police de Nogent-sur-Seine lance la fronde des agents municipaux

Publié le 18 Décembre 2018

La réorganisation des services municpaux serait-elle mal digérée ? Le chef de la police municipale a mené une liste issue de tous les services aux élections professionnelles et qui est arrivée en tête.

Le vote a été serré mais la CFDT a toute de même perdu la majorité au profit de la liste conduite par le chef de la police municipale qui entend « voter contre tout ce qui ira à l’encontre du personnel ».

Le vote a été serré mais la CFDT a toute de même perdu la majorité au profit de la liste conduite par le chef de la police municipale qui entend « voter contre tout ce qui ira à l’encontre du personnel ».

Les agents municipaux approuvent-ils tant que cela la réorganisation des services à Nogent-sur-Seine ?

Pas vraiment à en juger par le résultat des élections du personnel du 6 décembre. En effet, ce jour-là, la liste CFDT qui était arrivée en tête il y a quatre ans est devenue minoritaire au profit d’une liste inédite menée par… le Chef de la police municipale, Patrick Jeuffroy. Membre du SDPM (Syndicat de défense des policiers municipaux), il a tenu à construire une liste intégrant une majorité d’agents des autres services, afin qu’elle soit la plus représentative possible. « Elle comprenait trois policiers municipaux et sept agents des autres services : animation, administratif, social, patrimoine, technique. Sur ma liste, je suis le seul cadre », explique le policier de 55 ans, dont 27 de métier.

 

« Un climat assez anxiogène »

 

« Il y a beaucoup de plaintes des employés municipaux par rapport à la nouvelle organisation de travail. Il y a un climat assez anxiogène », constate-t-il. Depuis deux ans, le nouveau directeur général des services est chargé de la réorganisation. Une directrice des ressources humaines a été recrutée et, depuis quelques mois, un consultant en ressources humaines fait le tour des services pour élaborer un nouvel organigramme. Des agents ont ainsi vu leurs attributions, leurs horaires évoluer. Certains l’ont mal vécu. On se souvient notamment du départ chargé d’amertume du gestionnaire de la cantine en 2017.

 

Un climat qui a poussé Patrick Jeuffroy à construire cette liste quelque peu originale, même pour le syndicat de police. « Le SDPM a été surpris mais, pour présenter une liste SDPM, il suffisait que la tête de liste soit syndiquée SDPM, que le syndicat soit national et qu’il ait plus de 2 ans d’existence », explique-t-il.

 

Sa liste a obtenu 79 voix contre 68 pour la CFDT. Une courte tête certes mais qui lui permet d’obtenir deux sièges sur trois dans les différentes instances.

 

Il est élu avec Florence Flon, du service animation. La CFDT sera représentée par le contrôleur de gestion Christian Thévenin. « J’espère que nous pourrons travailler ensemble », conclut Patrick Jeuffroy : « Nous, on votera contre tout ce qui ira à l’encontre du personnel et cela ne passera pas. »

 

« C’est un syndicat de police qui a gagné contre la CFDT : c’est la nouveauté. C’est le résultat des urnes », réagit le maire Hugues Fadin : «  Il y a peut-être des gens déçus par la réorganisation. Ce n’est pas rien de réformer et de mettre certaines personnes au travail. C’était assez serré malgré tout et je souligne le travail des délégués précédents CFDT avec qui on a travaillé en bonne intelligence. »

 

Et le premier magistrat d’espérer que tous parviendront « à travailler dans de bonnes conditions comme par le passé, dans la sérénité ». « Pour moi, cela ne changera rien. Avant, c’était FO, puis la CFDT : cela s’est toujours bien passé », conclut-il, en rappelant que le « règlement intérieur » et le « régime indemnitaire » ont été travaillés en accord avec les représentants du personnel d’avant élection. Il insiste : « Dans l’ensemble, le personnel est satisfait de la réorganisation : on les professionnalise. On leur fait faire des formations. »

 

La majorité tousse, l’opposition glousse

 

Ce résultat – d’une courte majorité, certes – donne en partie raison aux élus d’opposition qui dénoncent le malaise des agents. « Le maire et sa garde rapprochée auront réussi à diviser le personnel de la ville. Pour ma part, je compatis vraiment ; ce n’est jamais agréable de travailler dans de telles conditions, se savoir espionné, toujours devoir se méfier, rester discrets sur ses amitiés… », jubile ainsi Estelle Bomberger des Amis de Nogent-sur-Seine sur les réseaux sociaux. Nul doute que Dominique Couturier, élue de l’Esprit d’équipe qui préconisait des « fauteuils antistress » dans les services, apprécie aussi cette petite victoire face à la majorité…

 

L'est Eclair

Le SDPM le Syndicat qui met un coup de pied dans la foumilière !

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