Amiens(80) - Grève des Policiers Municipaux (lettre ouverte au maire)

Publié le 26 Avril 2019

Hôtel de Ville d'AMIENS, Brigitte FOURE, maire et Alain GEST, Président de la Métropole.

Hôtel de Ville d'AMIENS, Brigitte FOURE, maire et Alain GEST, Président de la Métropole.

LETTRE OUVERTE AU MAIRE D’AMIENS, Mme Brigitte FOURE

information AU PRESIDENT DE LA METROPOLE, M. Alain GEST

 

Madame le Maire,

 

J’ai pu lire dans la presse et comprendre au travers des remontées d’informations de nos adhérents, que vous ne souhaiteriez pas que « la police municipale soit une police nationale bis » et qu’elle intervienne contre la délinquance et l’insécurité.

 

Alors soit vous êtes de mauvaise foi et feignez d’ignorer les missions de vos agents de police municipale, soit vous les ignorez réellement ce qui est problématique en qualité d’employeur et responsable de la sécurité dans votre ville.

 

Je vous invite donc à participer en votre qualité de maire et officier de police judiciaire (OPJ) à quelques missions de terrain de vos agents afin de vous rendre compte de la réalité à laquelle ils sont confrontés et dont vous semblez ignorer.

 

Vos policiers municipaux participent à toutes les interventions de sécurité : ils ne sont pas habilités à les refuser, que ce soient sur demande du commissariat de police nationale, comme sur demande de la population.

 

Primo-intervenants la plupart du temps, car leur travail est d’occuper l’espace public, ils font face, de plein fouet, à l’insécurité.

 

Si vous ne voulez pas que vos agents fassent de la sécurité publique, assumez ce choix politique et prenez une note de service indiquant que vous refusez que agents interviennent sur tel et tel type d’évènement.

 

Mais jusqu’à preuve du contraire, à ce jour, une telle instruction n'existe pas.

 

Ainsi, dernièrement, vos agents :

 

- Ont levé une affaire de stupéfiants (héroïne et cannabis)  avec interpellation du trafiquant en flagrant délit (juin 2018) ;

- Ont procédé à l’interpellation en flagrant délit d’un individu pendant une transaction d’arme (arme d’épaule) (janvier 2019) ;

- Ont procédé à l’interpellation 2 auteurs d’un véhicule volé (janvier 2019) ;

- Ont été pris à partie dans un quartier sensible à l’occasion d’un refus d’obtempérer (avril dernier) ;

 

Et ces faits ne sont qu’un très bref aperçu de leur travail quotidien. Surtout ne feignez pas d’ignorer l’insécurité patente de votre commune qui a été prise comme triste exemple dans un reportage sur FR3 «Les Français et l’insécurité».

 

En réalité, vous n’ignorez pas que n’avez jamais restreint le champs de compétences et d’intervention de vos agents pour les raisons de droit ci-après :

 

- le maire est responsable de la sécurité publique sur sa commune (article L2212-1 et L2212-2 du CGCT) ;

- les agents de police municipale assurent des missions non seulement de prévention et de tranquillité mais surtout de sécurité publique (L511-1 du code de la sécurité intérieure) ;

 

Je vous rappelle que vous êtes responsable de la sécurité au travail de vos agents : « Les autorités territoriales sont chargées de veiller à la sécurité et à la protection de la santé des agents placés sous leur autorité. »

 

Il n’y a pas de liberté sans responsabilité : vous êtes libre de ne pas armer vos agents afin qu’ils puissent défendre leur vie et celle de vos administrés, mais vous devez en assumer la responsabilité.

 

J’engagerais donc votre responsabilité morale et politique devant vos administrés, mais aussi légale devant les Juridictions compétentes, le cas échéant. Soyez-en persuadée.

 

En refusant de développer la Police Municipale et de l’équiper comme il se doit, vous ne mettez pas en œuvre toutes vos prérogatives pour lutter contre l’insécurité qu’elle soit du quotidien ou globale.

 

Les revendications de vos agents sont légitimes face aux risques quotidiens auxquels ils sont confrontés.

 

C’est pour cela que le Syndicat de Défense des Policiers Municipaux, 1er Syndicat National Professionnel a soutenu les dernières grèves de vos agents, suivies par plus de 90% de l’effectif :

 

  • salaire décent et revalorisation du régime indemnitaire,
  • reconnaissance de la réalité de leur travail quotidien et ne plus fermer les yeux ou raconter des balivernes à la population sur l’état d'insécurité de votre commune et les risques auxquels vos agents font face ;
  • moyens de protection, armement (armement en catégorie B, taser etc…)

 

Il est temps que vous soyez confrontée à vos responsabilités, face à vos choix.

 

Veuillez agréer, Madame le Maire, mes respectueux hommages.

 

Le Président du SDPM

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