La sécurité au cœur des municipales (le Figaro)
Publié le 5 Février 2020
La sécurité au cœur des municipales
SONDAGE - Selon le baromètre Odoxa/Fiducial, 61% des Français veulent augmenter le pouvoir des maires dans ce domaine.
Par Christophe Cornevin Publié le 31 janvier 2020 - L’étude établit que les administrés sont « convaincus qu’il est important que la police municipale puisse constituer des brigades de nuit (93%), 60% affirmant même que c’est prioritaire».
À l’approche des échéances municipales, les administrés appellent à une augmentation des prérogatives et des budgets des mairies pour mieux lutter contre l’insécurité. Sur fond de menace terroriste, ils disent avoir peur d’un acte isolé.
● Nos concitoyens veulent élargir le champ d’action des maires
Considérés comme des interlocuteurs crédibles et bien identifiés, les maires sont plébiscités par la majorité de leurs administrés. À 61%, ils jugent même que leur élu ne dispose pas de suffisamment de pouvoirs en termes de lutte contre l’insécurité et de répression. Nos édiles sont particulièrement attendus en matière de sécurité des écoles (74%), de sécurité routière (63%) mais aussi sur le front des agressions (57%). «Les actions pour réduire les trafics, la délinquance et les cambriolages peinent davantage à convaincre», observent les analystes du baromètre Fiducial de la sécurité. Interrogés sur les nouvelles prérogatives qui pourraient échoir aux maires, les Français approuveraient très majoritairement (87%) qu’ils puissent avoir accès à la liste des fichés S habitant dans leur commune. Les sympathisants LR (96%) et RN (92%) se prononcent très largement en faveur de cette proposition. Après les récents événements survenus à Villejuif et Metz, les Français sont également favorables à ce que les maires puissent avoir accès à «la liste des personnes atteintes de maladies mentales et potentiellement dangereuses» (79%).
Le baromètre que révèle Le Figaro met aussi en évidence la volonté de nos concitoyens de maintenir le budget municipal lié à ces questions (55%), pour «renforcer les équipements et les dispositifs de sécurité à destination des publics fragiles», ou de l’augmenter (36%). Par ailleurs, alors que 149 féminicides ont été commis en France en 2019, la protection des femmes victimes de violences conjugales est primordiale pour les Français: 72% jugent prioritaires la mise en place de bracelets «anti-rapprochement» ainsi que des places d’hébergement (67%). Ils sont également 63% à souhaiter la protection des personnes âgées grâce à la mise à disposition de bips à actionner. Ce dispositif pourrait également être déployé pour les commerçants (56%) en cas de danger.
● Nouvel élan pour généraliser l’armement dans la police municipale
«Les policiers municipaux ne sont pas tous logés à la même enseigne. Une partie d’entre eux est armée, l’autre non. Cet état de fait n’a plus vraiment de sens aux yeux des Français», souligne le dernier baromètre Odoxa pour Fiducial en relevant que «70% d’entre eux sont favorables à ce que l’armement de la police municipale soit généralisé». Cette mesure est particulièrement soutenue par les sympathisants LR (83%) et RN (86%). En outre, l’étude établit que les administrés sont «convaincus qu’il est important que la police municipale puisse constituer des brigades de nuit (93%), 60% affirmant même que c’est prioritaire». Au chapitre des missions, nos concitoyens souhaitent aussi que la police du maire dispose de «postes de police dans les quartiers», qu’elle puisse «intervenir dans les halls d’immeubles», «faire appel à la télésurveillance» ou encore qu’elle soit «présente devant les établissements scolaires». «Enfin, précisent les analystes, l’idée que la police municipale puisse faire appel à la reconnaissance faciale séduit 77% de Français, mais seuls 34% jugent que c’est une mesure prioritaire».
● Face à la menace et aux agressions, une coopération renforcée est souhaitée
Enfin, les deux tiers de nos compatriotes assurent avoir été victimes d’agressions ou de nuisances sonores dans leurs communes durant la dernière mandature. «Cette insécurité a même poussé plus d’un Français sur quatre (26%) à envisager un déménagement vers un quartier ou une ville moins exposés», précisent les auteurs du baromètre. Si la menace terroriste reste solidement ancrée dans les esprits, la crainte la plus partagée n’est plus celle d’attentats organisés et de grande ampleur. 74% de nos concitoyens déclarent en effet redouter plus qu’avant des attaques d’individus isolés qui s’en prennent au hasard à des passants. Ce fut le cas très récemment à Villejuif et à Metz.
«Si ces craintes s’expriment aussi unanimement, c’est aussi parce que les Français ont le sentiment que les réponses apportées par les autorités depuis janvier 2015 ne sont pas suffisantes», juge le baromètre. «60% d’entre eux estiment en effet que la France n’est pas mieux protégée qu’avant contre les attaques terroristes», indique-t-il. Dans une proportion analogue, 57% des Français ne font pas confiance au gouvernement pour les défendre du terrorisme. Désormais, ils sont «de plus en plus nombreux à affirmer que la sécurité des sites publics doit résulter d’une juste collaboration entre forces de l’ordre et agents privés», insiste le rapport, qui rappelle: «alors qu’ils n’étaient que 51% à le penser en 2016, ils sont désormais 66% à l’affirmer». L’idée d’un renforcement du «continuum de sécurité», censé permettre de recentrer les services de l’État sur le régalien, est dorénavant ancrée dans les esprits.