Les Echos : Les villes se livrent une concurrence féroce pour recruter des policiers municipaux

Publié le 13 Janvier 2021

Les villes se livrent une concurrence féroce pour recruter des policiers municipaux

Promesse de campagne de nombreux maires élus cette année, le renforcement des polices municipales doit intervenir alors que la filière est déjà sous tension. Les communes se disputent les nouvelles recrues et cherchent à les fidéliser.

Les Echos : Les villes se livrent une concurrence féroce pour recruter des policiers municipaux

« Selon nos estimations, il manque toujours 1.000 agents en Ile-de-France et entre 3.000 et 4.000 au plan national pour pourvoir les postes vacants », affirme Cédric Michel, président du Syndicat de la police municipale (SDPM). (Siccoli Patrick/Sipa)

 

Par Laurent Thévenin - Publié le 19 oct. 2020 à 08:30Mis à jour le 19 oct. 2020 à 11:19

Très animé depuis des années, le mercato des policiers municipaux ne semble pas près de prendre fin. La tendance est toujours au renforcement des effectifs dans beaucoup de communes - une promesse de campagne de nombreux maires élus cette année. « La filière police municipale / sécurité est celle qui connaît la plus forte progression de recrutements depuis les cinq dernières années dans la fonction publique territoriale », confirme Olivier Degeorges, directeur des formations police municipale au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).

A Marseille, la nouvelle majorité municipale vient ainsi d'annoncer qu'elle allait embaucher 100 policiers, avec l'objectif de doubler les effectifs d'ici la fin du mandat pour en compter plus de 800. A Paris, la Ville attend le texte législatif qui permettra la mise en oeuvre d'une police municipale à partir de l'actuelle Direction de la prévention, de la sécurité et de la prévention (DPSP). En attendant, elle va d'ores et déjà recruter 120 inspectrices et inspecteurs de sécurité sur concours.

Un manque d'agents

« Nous venons de publier une publicité et nous avons déjà des candidats », se réjouit, de son côté, Johan Theuret, ​directeur général adjoint de Rennes Métropole et de la ville de Rennes, qui veut se doter de 40 policiers municipaux supplémentaires, dont une dizaine en 2021.

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Un motif de satisfaction, car le marché reste très tendu. « Selon nos estimations, il manque toujours 1.000 agents en Ile-de-France et entre 3.000 et 4.000 au plan national pour pourvoir les postes vacants », affirme Cédric Michel, président du Syndicat de la police municipale (SDPM). « Pourquoi fait-on un seul concours tous les deux ans et pas trois ou quatre par an ? », déplore-t-il.

Face à cette pénurie, les collectivités se livrent une compétition acharnée pour attirer de nouveaux éléments et fidéliser leurs troupes. « Cela ne facilite pas les recrutements, d'autant que nous avons des exigences sur le profil. Nous cherchons des policiers qui soient en mesure d'imposer une présence apaisante et rassurante, et cela ne se trouve pas en un claquement de doigts », explique Pascal Bolo, adjoint à la mairie de Nantes, qui a le projet de recruter 70 policiers sur la mandature ainsi qu'une trentaine pour la police métropolitaine des transports.

Débauchages

Certaines villes font grimper les enchères sur le plan de la rémunération. « D'une commune qui ne donne rien à une autre qui donne tout, il peut y avoir 1.000 euros d'écart ! », affirme Cédric Michel. « Nous payons correctement nos policiers, mais certaines villes essayent de les débaucher en leur offrant 200 ou 300 euros bruts de plus, ce qui est considérable. Alors que si vous leur donnez des missions intéressantes, vous pouvez limiter le turn-over », souligne Dominique Bailly, le maire de Vaujours, une commune de 7.000 habitants de Seine-Saint-Denis, qui a une police intercommunale avec la ville voisine de Coubron.

L'armement d'une police municipale serait aussi un facteur d'attractivité. « Cette question est centrale. Chez nous, la police municipale est armée jour et nuit », fait valoir Emilion Esnault, adjoint en charge de la sécurité à la mairie de Toulouse, une ville qui va continuer à recruter après avoir déjà doublé le nombre de ses policiers lors du précédent mandat.

Selon le récent Panorama des polices municipales de l'association Villes de France, « l'armement létal est en nette progression » dans les villes moyennes. Sur les 50 villes de son échantillon, c'est le cas dans 62 % d'entre elles, contre 50 % au niveau national.

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