Le SDPM dans la Presse : Salaire, armement, horaires… Les policiers municipaux font monter les enchères
Publié le 27 Mai 2021
AVIS AUX LECTEURS
Lorsque le journaliste s'est présenté au Président du SDPM, il a qualifié certains policiers municipaux de "mercenaires" et sous-entendait leur manque de loyauté. Ce que le Président du SDPM a formellement contesté, même si, et cela est totalement légitime et normal, les agents s'orientent naturellement vers des communes plus attractives.
Malheureusement, le Journaliste étant seul auteur de son "papier" il a conservé cette expression méprisante.
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Salaire, armement, horaires… Les policiers municipaux font monter les enchères
En France, 3 000 à 4 000 postes de policiers municipaux sont vacants. La demande dépasse largement l’offre. Les agents le savent bien. Résultat, ils dictent leur loi sur le marché de l’emploi. Et n’hésitent plus à chercher de meilleures conditions de travail ailleurs.
Décembre 2020. La mairie de Nantes annonce que « faute de candidats », elle ne pourra recruter que 29 des 70 policiers municipaux attendus pour ce mandat. Trois mois plus tard, ses agents en bleu marine déposent un préavis de grève. Ils réclament un meilleur salaire et la possibilité de porter une arme à feu.
Les policiers municipaux dictent leur loi sur le marché de l’emploi
Une situation qui ne surprend pas le Président du Syndicat de défense des policiers municipaux, Cédric Michel. « Nantes va avoir de plus en plus de mal à recruter. La ville coûte cher, les agents sont mal payés et pas armés. »
Les mots sont forts. Mais depuis quelques années, les policiers municipaux dictent leur loi sur le marché de l’emploi. Avec 3 000 à 4 000 postes vacants, en France, ils ont la possibilité de faire jouer la concurrence. Et ne s’en privent plus.
Le contexte nantais l’illustre parfaitement. « Si on suivait ce qu’on entend, on ne recruterait déjà plus personne, relativise Pascal Bolo, adjoint à la sécurité et la tranquillité publique de Nantes. Mais il faut reconnaître que les policiers municipaux sont, incontestablement, en position de choisir leur employeur. »
À peine formés, déjà partis
Ce jeu de chaises musicales peut coûter cher aux communes. Car elles financent la formation des policiers qui sortent de concours. « Régulièrement, les villes paient la formation de 6 mois, environ 12 000 € et le policier part ailleurs dans la foulée », explique un syndicaliste d'un autre syndicat.
Pour limiter cet appel d’air, une disposition de la loi Sécurité globale prévoit que la commune puisse demander au policier de rembourser ses frais de formation. Mais, en commission mixte paritaire, le Sénat a rendu cette disposition facultative.
« Les communes qui accueillent un policier, récemment formé dans une autre mairie, remboursent déjà ces frais », tranche Marc-Philippe Daubresse, sénateur du Nord. De quoi agacer les syndicats. « Plusieurs mairies se foutent de rembourser les frais de formation, elles ont les moyens. Alors, forcément, les policiers vont au plus offrant », souffle Cédric Michel.
Les « mercenaires », ces agents qui coûtent cher
Alexandre(1), 36 ans, est ce que les syndicats appellent « un mercenaire ». En quatre ans de police municipale, il a porté l’uniforme de sept mairies différentes. « Ça m’a permis de passer de 1 600 à 2 500 € de salaire », se félicite celui qui travaille désormais à Nice. Un écart conséquent.
En pratique, les villes disposent d’un vaste système de primes pour améliorer le traitement de ses policiers : l’indemnité d’administration et de technicité, l’indemnité spéciale de fonction, les heures supplémentaires…
Et les policiers se refilent les bons tuyaux. « On a plusieurs formations par an avec des agents de différentes polices. On compare, c’est logique », avoue un syndicaliste d'un autre syndicat.
Les syndicats appellent au boycott des polices « non-armées »
Mais au-delà du salaire, l’arme à la ceinture est devenue une condition de certains policiers pour prendre l’uniforme. Certains syndicats appellent même au boycott des polices du maire « à poil ». Comprenez sans arme à feu. « On fait les mêmes interventions que la police nationale, on prend les mêmes risques », justifie le Président du SDPM.
Nantes a avancé sur la question du salaire. Pas celle des armes à feu. « Un policier qui ne veut pas venir parce qu’il n’y a pas d’arme létale, on ne le regrettera pas, tranche l’adjoint à la sécurité. Mais on doit rester attractif face aux autres polices de la région. »
Elle a donc ramassé la semaine de travail de ses agents sur quatre jours et réfléchit à la création d’une brigade cynophile. Le prix à payer pour conserver ses policiers municipaux. Et en attirer de nouveaux.
(1) Le prénom du policier municipal a été modifié.