L'Express : Missions, armes, recrutement: trois questions sur les débuts de la police municipale à Paris

Publié le 17 Novembre 2021

Missions, armes, recrutement: trois questions sur les débuts de la police municipale à Paris
La capitale inaugure sa nouvelle police municipale ce lundi. Au total, 154 agents vont être déployés dans la ville, l'objectif étant d'en former 3600 en 2026.

Parmi les compétences de la police municipale à Paris, elle devra veiller à protéger les piétons et intervenir sur les tapages. AFP

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Longtemps attendue, très commentée, elle sera désormais scrutée par la classe politique très divisée à son sujet. La première promotion de la police municipale parisienne est présente depuis ce lundi dans les rues de Paris. Au total, 154 nouveaux agents sont intronisés ce lundi par la maire PS de la capitale, Anne Hidalgo, sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Lors de cette cérémonie officielle, la candidate à l'élection présidentielle doit faire oublier le temps où elle était opposée à un tel service. Dirigée par l'actuel directeur de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) Michel Felkay, le cortège de policiers sera réparti entre les divers arrondissements de Paris. Déjà en juin dernier, Nicolas Nordman, l'adjoint PS chargé de la sécurité évoquait "un événement historique".  

Quelles sont les particularités de ces agents parisiens ?

Au total, 154 policiers municipaux vont être déployés sur le terrain. Ils ne seront pas dotés d'armes létales, "pas nécessaires" selon l'adjoint au maire chargé de la sécurité. Une décision que regrette la droite parisienne. En première ligne, la maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui a demandé que l'Etat "impose" une police municipale armée dans les villes de plus de 100 000 habitants. Dépourvus de pistolets 9mm, les agents seront équipés de gilets pare-balles, de tonfas (sorte de matraque) et de bombes lacrymogènes. Les nouvelles recrues circuleront à pied ou à vélo et seront vêtues d'un uniforme siglé police municipale. 

"Cette police sera à l'image des Parisiens, explique Nicolas Nordman adjoint à la sécurité de la mairie de Paris, avec une représentativité des origines sociales notamment, et paritaire entre les hommes et les femmes". Ces agents municipaux ont été formés dans une école parisienne, l'une des conditions pour mettre sur pied un tel cortège. "Nous créons 17 divisions de police municipale (...) Chaque maire d'arrondissement pourra, parce que chaque arrondissement est différent, déterminer les priorités d'action de cette police", souligne, ce lundi, Nicolas Nordman au micro de Franceinfo. Quelles sont les missions de cette nouvelle police ?

Cette nouvelle police municipale se verra accorder quatre missions. Tout d'abord, les agents seront chargés de protéger les piétons en faisant respecter les règles de circulation. Ils pourront aussi intervenir sur les tapages à l'aide de sonomètres ou encore surveiller la propreté de la ville. Ces agents pourront aller jusqu'à sanctionner les dépôts sauvages et déchets de mégots. L'infraction peut s'élever jusqu'à 135 euros. Le policier municipal va agir dans tous ces domaines, à tel pont que Nicolas Nordman estime que cela va encourager une "verbalisation à 360 degrés". Toujours sur la liste de leurs compétences, les nouveaux agents serviront avant tout de police de proximité et veilleront à la tranquillité publique. Pour les citoyens, ce nouveau service servira de premier relais avant l'intervention de la police nationale - avec laquelle elle ne doit pas être confondue. A travers ces 154 agents, il s'agit aussi de décharger la police nationale qui pourra se concentrer sur d'autres missions régaliennes : lutte contre le terrorisme, le grand banditisme, les trafics de drogues. La ville de Paris joue donc la carte de la complémentarité. A gauche, certains membres de l'opposition ne sont pas convaincus : "Il faut que la délimitation des compétences et champs d'action entre les polices municipale et nationale soit très claire. Nous redoutons qu'il y ait une confusion", déclare, au Parisien Nathalie Maquoi, présidente du groupe Génération.s. 

L'objectif de 3600 policiers municipaux d'ici à 2026 est-il atteignable ?

D'ici à 2026, la capitale entend disposer d'une nouvelle direction de la police municipale et de la prévention composée de 5000 agents, dont 3600 policiers municipaux. Mais avant d'atteindre un tel objectif, il faudra sans doute régler quelques problèmes liés au recrutement. Alors qu'Anne Hidalgo avait promis le déploiement de 200 policiers, seuls 154 ont été retenus. Si son adjoint à la sécurité nie les difficultés de recrutement, il confie sur Franceinfo que les formations dédiées aux agents municipaux sont "très sélectives" et qu'un "certain nombre d'agents n'ont pas poursuivi jusqu'au bout".  Afin de gonfler les rangs des policiers municipaux à Paris, la Ville de Paris va ouvrir 400 postes sur concours (interne et externe).

Les candidats ont du 18 octobre au 26 novembre pour s'inscrire. En plus de ces nouvelles recrues, l'élue socialiste espère piocher dans le vivier existant des policiers municipaux déjà en exercice ailleurs. Cependant, cette vague de recrutements dans la capitale tombe mal puisque la filière fonctionne de plus en plus à flux tendu à cause du manque d'effectifs :

"Il manque 4000 policiers municipaux en France par rapport aux postes à pourvoir, dont 1500 en Ile-de-France", estime Cédric Michel, président du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), interrogé par Les Echos. 

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