Le Parisien / Sécurité : à Gonesse, les policiers municipaux seront géolocalisés en temps réel
Publié le 24 Mai 2022
Les radios des policiers municipaux seront équipées, à partir de ce jeudi 12 mai, d’un outil de géolocalisation en temps réel. L’enjeu pour la municipalité : optimiser les délais d’intervention mais aussi communiquer auprès des habitants sur l’action de ses agents.
Le 9 mai 2022 à 18h14
« La carte qui indiquera où sont les patrouilles sera visible sur cet écran », se félicite Nelson de Pessemier, le directeur de cabinet du maire de Gonesse (Val-d’Oise), en désignant un téléviseur dans le centre de supervision urbain (CSU) de la ville.
À partir de ce jeudi 12 mai, les patrouilles de policiers municipaux seront de fait toutes géolocalisées en temps réel grâce à l’installation d’un émetteur sur leurs radios. Objectif affiché de la municipalité : optimiser les délais d’intervention et communiquer sur l’action de ses agents auprès des habitants.
« On veut pouvoir localiser précisément nos brigades afin de permettre au centre de supervision de choisir la plus proche pour intervenir sur un fait, cite en exemple le cadre. On gagnera ainsi un temps phénoménal d’intervention. Cela nous permettra également de mieux couvrir toute la ville. »
Localiser les agents, pas les « fliquer »
Ce dispositif est déjà mis en place dans plusieurs villes, comme à Nogent-sur-Oise, dans l’Oise, ou dans le sud, à Nice (Alpes-Maritimes) ou Marseille (Bouches-du-Rhône). Selon le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), il est en train de se développer dans de nombreuses communes en France. La plupart du temps, il est utilisé pour mieux organiser les opérations des brigades. Mais à Gonesse, le maire souhaite aussi s’en servir pour un autre aspect particulier : rassurer les habitants.
« On les entend souvent se plaindre : La police municipale ne passe jamais dans mon quartier. Désormais, comme on saura en temps réel où sont les agents et ce qu’ils ont fait dans la journée, on pourra produire des copies des cartes interactives afin d’indiquer où la police municipale passe. »
Gonesse. Les patrouilles de policiers municipaux seront géolocalisées en temps réel grâce à l’installation d’un émetteur sur leurs radios. LP/Marie Briand-Locu
Ces cartes seront notamment présentées lors d’assemblées de quartiers aux habitants. « On pourra établir des statistiques sur leur intervention, poursuit-il. L’idée, c’est de rendre compte d’une journée type d’un agent et tranquilliser nos administrés. On saura même, selon la vitesse de déplacement du point, s’il s’agit d’un agent à pied ou en voiture. On pourra ainsi établir un bilan mensuel de l’action policière. »
Une vingtaine de radios ont été commandées pour « un peu moins de 10 000 euros », selon la mairie. Grâce aux émetteurs, toutes les trajectoires des agents seront retransmises sur la carte interactive projetée dans le centre de vidéosurveillance. Ce dernier guidera ensuite les patrouilles (qui n’auront pas accès à la carte) selon les besoins.
Les nouvelles radios seront en outre équipées d’un bouton d’alerte en cas de danger. « Le centre de supervision saura où se trouvent les agents et pourra envoyer plus facilement des renforts, vante Nelson de Pessemier. Cela renforcera la sécurité de nos agents. »
« Cela va nous rassurer de savoir que la police passe bien dans nos quartiers »
Si l’application indique la localisation des policiers sur le terrain, elle n’a aucune fonction d’enregistrement. « Ce n’est pas un outil pour fliquer les agents mais pour faciliter leur travail, martèle le directeur de cabinet. On respecte les règles de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), qui prévoit la protection des données. La géolocalisation est très réglementée. » En outre, toutes les informations stockées dans les balises seront stockées uniquement pendant un mois.
Si Cédric Michel, le président du SDPM, voit d’un bon œil la généralisation de cet outil pour « l’efficacité opérationnelle », il est ferme sur ce point : « Il ne faut pas que ce soit utilisé contre les agents à titre disciplinaire. C’est interdit de l’utiliser pour les surveiller. On y sera attentif. »
Contactée, l’opposition municipale se dit également favorable à cette initiative. Tout comme les habitants de la commune. Dounia, résidente du quartier Du Vignois, apprécie ce « nouveau lien entre la police municipale et les administrés ». Cette mère de famille déplore que des voitures soient retrouvées brûlées sur le parking de sa résidence. « Il fallait justement rétablir la communication entre les citoyens et la police, estime-t-elle. Cela va nous rassurer de savoir que la police municipale passe bien dans nos quartiers. »
Accroître le pouvoir d’intervention de la police municipale
Justement, ce nouvel outil intervient à Gonesse alors que la ville souhaite accroître le pouvoir d’intervention de ses dix policiers municipaux. Depuis un an, elle a en particulier lancé le recrutement de douze nouveaux agents afin « de remédier au désengagement de la police nationale sur le terrain ».
« À la base, un policier municipal est censé garder seulement les bâtiments municipaux. Mais comme la police nationale est débordée, on est obligé de faire notre travail différemment, même si l’on souhaite que cela reste une police de proximité, souligne Nelson de Pessemier. On doit donc la doter de moyens suffisants et la professionnaliser. »*
Ainsi, les agents seront-ils bientôt équipés de tasers et caméras-piéton. « Cela va dans le bon sens, apprécie le Syndicat défense des policiers municipaux. L’armement des policiers municipaux en Île-de-France est indispensable. »**
De son côté, Thomas Fourgeot, directeur de cabinet du préfet, tient à préciser que la police nationale a « au contraire » renforcé depuis plusieurs mois sa présence sur le terrain, dans les quartiers les plus sensibles du département. Quant aux nouveaux outils dont se dotent les policiers municipaux, il considère que « c’est une bonne chose dans le respect des lois. Mais cela doit se faire en relation étroite avec la préfecture. »
Le Parisien
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** PRECISIONS DU SDPM : Le Syndicat précise avoir indiqué au journaliste, que l'armement létal en catégorie B était indispensable. Si la commune de Gonesse va dans le bon sens avec l'octroi des pistolets à impulsions électriques, elle ne va pas assez loin en n'équipant pas ses agents en armement à feu. En cas d'incident ou pire, engageant l'intégrité physique d'un agent de police municipale du fait qu'il n'était pas armé, l'autorité territoriale devra en tirer les conséquences légales, morales et politiques et le SDPM y veillera.
* Pour répondre à Nelson de Pessemier, Directeur de Cabinet de la Mairie de GONESSE : la police municipale n'a pas que pour mission de garder les bâtiments communaux.
Le SDPM rappelle que le Maire a la responsabilité d'assurer au travers de la police municipale, le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques (article L2212-2 du CGCT).