Centre de Gestion de la Gironde : petits arrangements entre amis, édifiant !

Publié le 5 Novembre 2011

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Un directeur bien encombrant


Mercredi 2 novembre 2011 à 06h00 | Mis à jour le 2 novembre 2011 à 09h23
Par DOMINIQUE RICHARD


La mise à l'écart du directeur du centre de gestion de la fonction publique territoriale débouche sur une enquête judiciaire


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Centre de gestion de la fonction publique et territoriale à Bordeaux (Photo d'archives)

 

Il y en a un par département mais le grand public ignore jusqu'à leur existence. Rouages essentiels de la démocratie locale, les centres de gestion de la fonction publique territoriale ont la haute main sur les carrières des agents des collectivités locales ayant moins de 350 fonctionnaires. Mais ils organisent aussi les concours et les examens professionnels, déploient leur savoir-faire au profit des communes qui n'ont pas les moyens de recruter les compétences dont elles ont besoin, publient des offres d'emploi… Rien d'étonnant à ce que leur fonctionnement soit scruté par les élus et les personnels de plus en plus nombreux de la territoriale.


Autant dire que la suspension d'office, puis le départ cet été de Louis-Raymond Préaud, l'omnipotent directeur du centre de gestion de la Gironde (CDG 33) a fait l'effet d'une petite bombe dans le landerneau. Présent à la tête de la structure depuis près de vingt ans, l'ancien maire RPR d'Izon, dans le Libournais, a été débarqué par le conseil d'administration à la suite d'un protocole d'accord avantageux.


Il lui assure 30 mois de salaire jusqu'à ce qu'il puisse faire valoir ses droits à la retraite. En contrepartie, le haut fonctionnaire s'est notamment engagé à restituer au centre de gestion 10 115 euros. Cette somme correspond à l'achat de trois tableaux et à un repas de la Saint-Valentin réglés par l'établissement à l'époque où il en était le dirigeant tout puissant.


Aucune dissonance


Cette transaction validée à l'unanimité par le conseil d'administration, toutes tendances politiques confondues, a été frappée du tampon confidentiel. Chacune des parties a renoncé à toute action judiciaire, disciplinaire ou financière. Bizarrement, alors qu'il s'agit d'argent public, nul ne peut en connaître les termes. Il n'est pas certain que ce secret résiste longtemps. Le parquet de Bordeaux vient d'ouvrir une enquête pénale à la suite d'un courrier adressé par le Syndicat national des directeurs généraux de collectivités territoriales.


« Il n'est pas possible de permettre à un collègue qui a commis des fautes de s'en sortir sans aucun problème, observe Stéphane Pintre, le président de cette organisation syndicale qui recrute ses membres dans l'élite de la fonction publique territoriale. Pour des faits mineurs, des agents de catégorie inférieure sont presque systématiquement traduits devant des conseils de discipline. Ce qui s'est passé en Gironde est profondément anormal. »


Le syndicat a été alerté par plusieurs de ses adhérents, indignés par la décision du centre de gestion. Depuis toujours ou presque au sein du conseil d'administration, PS et UMP accordent leurs violons. Les renouvellements du bureau s'effectuent après les élections municipales. Quel que soit le verdict des urnes, les uns et les autres s'arrangent pour éviter toute dissonance. Proche des sénateurs Pintat, père et fils, Louis-Raymond Préaud (1) n'a d'ailleurs jamais été remis en cause par la gauche. Il imposait ses vues aux uns et autres, n'hésitant pas à couper la parole en public à ceux, élus, qu'il jugeait hors sujet.


« La meilleure solution »


Administrateur hors classe, il émargeait sans doute, primes comprises, à plus de 10 000 euros par mois avec tous les avantages en nature attachés à sa fonction : frais de représentation, 4X4… Pendant longtemps, personne n'a rien trouvé à redire.


« Il a été l'homme de la situation, insistent Roger Recors, l'actuel président socialiste du CDG 33, par ailleurs maire adjoint de Cestas et son bras droit Didier Mau, le premier magistrat UMP du Pian Médoc. Sa compétence était reconnue, sa gestion rigoureuse. Elle n'a jamais soulevé la moindre observation de la part de la chambre régionale des comptes. Il n'y avait pas matière à dénoncer quoi que ce soit au procureur. Les faits reprochés n'avaient aucun caractère pénal. Il n'a pas emporté les fameux tableaux, ils sont toujours restés dans les locaux. »


Si l'en croit Roger Recors, les tensions croissantes avec le personnel du centre de gestion et la tendance de Louis-Raymond Préaud à se comporter comme le président du conseil d'administration alors qu'il n'était que l'exécutant des décisions de ce dernier ont causé sa perte. « Ce n'est pas contestable admet, sous couvert d'anonymat, un haut fonctionnaire de l'agglomération bordelaise. Malgré tout, s'ils ont cédé à ses exigences, c'est très certainement par peur qu'il ne fasse certaines révélations plus qu'embarrassantes. » Le CDG 33 aurait-il quelque chose à cacher ?


« C'était la meilleure solution, la plus économe pour le contribuable », réplique Roger Recors. En cas de licenciement, nous n'étions pas certains de gagner en justice. Qu'aurions nous fait si Louis-Raymond Préaud avait repris ses fonctions ? » L'hypothèse n'est désormais plus de saison. Le fauteuil laissé vacant par ce directeur bien encombrant a été attribué sans coup férir à son ancien adjoint. Un arrangement maison qui satisfait apparemment tout le monde. En interne tout du moins !


(1) Sollicités par nos soins, pas davantage Louis-Raymond Préaud que son adjoint n'ont souhaité s'exprimer.


« Ne plus rester complice de ces pratiques »


 

Depuis plusieurs semaines, c'est un réquisitoire sans appel contre les pratiques du centre de gestion de la Gironde (CDG 33) qui circule sous le manteau dans de nombreuses communes du département. Son auteur, n'est autre qu'Alain Renard, vice-président PS du Conseil général. Le sang de l'élu du Blayais n'a fait qu'un tour à la lecture cet été de la délibération du conseil d'administration du centre de gestion entérinant la transaction passée avec Louis-Raymond Préaud. Il a rédigé une lettre ouverte au vitriol aux élus du Conseil d'administration de l'établissement.


« Cette délibération est édifiante sur les pratiques anciennes que l'équipe actuellement en place connaît puisque nombre de ses membres y siégeaient précédemment. Alors qu'une liste se constituait, suite aux dernières élections municipales afin de mettre en ordre de marche réglementaire le CDG 33, dont les errements de gestion étaient connus, ils n'ont eu de cesse de tout faire afin de se maintenir dans leurs fonctions, solidaires entre eux au-delà des appartenances politiques différentes. »


L'élu socialiste évoque pêle-mêle le favoritisme, la prise illégale d'intérêt mais aussi les « graves errements » dans l'organisation de certaines épreuves des concours et examens professionnels. Il juge anormal que l'ancien directeur n'ait pas été purement révoqué et les juridictions compétentes saisies. À ses yeux, se taire aujourd'hui, c'est être complice. S'il déplore l'attitude de ses pairs, le conseiller général l'explique malgré tout par « le laxisme qui a cours depuis longtemps au CDG 33 ».


« Plutôt n'importe quelle transaction que le déballage de linge sale devant les tribunaux, dont le caractère malodorant est fait notamment de concours et examens professionnels spécifiques organisés afin de permettre la réussite de ''protégés'' et leur nomination à des grades ne correspondant pas à leurs compétences. Fait aussi de nominations à l'intérieur du CDG 33 à des titres permettant des rémunérations sans commune mesure avec des tâches occupées, en étant cependant attentif à ce que chaque composante du conseil d'administration y retrouve son pourboire via ses protégés et ses indemnités. »


 

sources : www.sudouest.fr

Rédigé par SDPM

Publié dans #politique

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