Cognac : « Armer la police municipale me gêne ! » - Communiqué du SDPM
Publié le 4 Octobre 2013
Cognac : « Armer la police municipale me gêne ! », déclare Jérôme Mouhot
L’ancien maire de Cognac regrette le virage « tout sécuritaire » de Noël Belliot.
Jérôme Mouhot (UMP) a été maire de 2001 à 2008. (Photo archives Anne Lacaud)
Jérôme Mouhot, 64 ans, a renoncé à toute carrière politique. L’affaire est entendue depuis déjà six mois : l’ancien maire ne se présentera pas aux élections municipales de mars 2014. En revanche, celui qui se définit comme un « gaulliste social » compte bien intervenir dans la campagne et user d’une certaine « liberté de parole ». C’est ce qu’il a fait, hier, en accordant un entretien à « Sud Ouest » et en regrettant « le virage tout sécuritaire » de son ancien adjoint Noël Belliot, le candidat de l’UMP à Cognac. Interview.
« Sud Ouest ». Quel regard portez-vous sur ce début de campagne ?
Jérôme Mouhot. Nous sommes loin de l’élection, le pays a du mal à sortir de la crise, et les Français éprouvent une certaine défiance envers le personnel politique. Les municipales ne sont pas leur priorité. Selon moi, les gens s’y intéresseront à partir de janvier ou février, pas avant.
Noël Belliot, qui s’est lancé dans un véritable marathon, est-il parti trop tôt ?
Lorsque l’on a une certaine notoriété, je considère que mieux vaut partir le plus tard possible. Ici, à Cognac, Noël Belliot est connu. Est-il bien apprécié ? ça, c’est un autre débat ! En partant tôt, peut-être veut-il rectifier son image, je ne sais pas. Le risque, c’est de lasser l’électeur. Aujourd’hui, je me répète, le contexte n’est pas propice à trop de politique.
Avez-vous lu le discours qu’il a prononcé le 26 septembre à La Salamandre ?
Non, je n’ai pas l’habitude de consulter les blogs. Mais on me l’a passé et largement commenté.
Qu’en avez-vous pensé ?
Au-delà des références et des compliments, j’ai été marqué par deux de ses propositions. Sur la fiscalité à ne pas augmenter, je suis 100 % d’accord. En revanche, son virage sécuritaire me surprend. Armer la police municipale est une idée qui me gêne. Là, je ne suis pas en phase. Lorsque j’étais maire, j’ai déjà doté la police municipale de tonfas [des matraques à poignée latérale]. La question ne se pose plus. Cognac n’est pas Marseille. Doter la police municipale d’armes à feu consisterait à introduire un facteur de violence là où il n’y en a pas. Je considère également que cela participerait à une certaine confusion des genres entre les missions de la police nationale, qui lutte contre toutes les formes de délinquance, et celles de la police municipale, qui prévient les incivilités.
Noël Belliot en appelle également à un programme de vidéo-protection…
Pourquoi pas… Je n’y suis pas favorable, mais je suis moins catégorique que sur la question de l’armement de la police municipale. Des commerçants m’avaient déjà demandé des caméras. Noël Belliot a le mérite de soulever la question et d’engager le débat.
Ces remarques, ces réflexions, en avez-vous fait part au « candidat de la droite unie » ?
Unie ? Je ne sais pas. C’est lui qui le dit. [Silence]. Non, il ne m’a pas consulté sur son programme ; je ne lui ai pas fait de remarque. C’est curieux, car Noël Belliot a été mon adjoint pendant sept ans et nous nous connaissons bien. Je crois que ce virage tout sécuritaire s’inscrit dans un effet de mode.
Que vous inspirent les problèmes que rencontre Michel Gourinchas, le maire sortant, sur son aile gauche ?
L’élection à Cognac, ville modérée et de tradition radicale, ne se gagnera ni à droite ni à gauche mais en position centrale. Or, les ennuis que Michel Gourinchas rencontre avec une gauche très engagée vont l’aider à occuper cette position centrale. Cette situation l’arrange : elle le crédibilise au centre.
Seriez-vous prêt à voter pour lui ?
[Rires]. Il n’est pas du tout question de cela ! Je dis simplement que Michel Gourinchas, confronté aux réalités de l’exercice du pouvoir, a changé. Il est moins doctrinaire.
Au printemps, donnerez-vous des consignes de vote ?
Non. Seules mes valeurs humanistes m’importent et je les exprimerai dans le secret de l’isoloir.
Publié le 03/10/2013 à 06h00 | Mise à jour : 03/10/2013 à
08h24
Par Olivier Sarazin