Encadrement militaire : Ciotti dans les pas de Royal
Publié le 8 Juin 2011
Politique | 6 Juin 2011 | Mise à jour le 7 Juin 2011
Parmi ses 50 propositions visant à mieux encadrer l'exécution des peines en France, le député UMP Eric Ciotti évoque "une forme de service civique" pour "les mineurs les plus difficiles" qui pourrait être encadré "militairement". Une idée qui rappelle étrangement celle mise en avant par de Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007. La présidente de la région Poitou-Charentes a d'ailleurs dit "chiche au gouvernement" mardi en réponse au M. Sécurité de l'UMP.
Eric Ciotti multiplie les pistes pour une application plus effectives des peines de prison. (Maxppp)
Et si l'une des propositions électorales de Ségolène Royal en 2007 se retrouvait dans le programme de… Nicolas Sarkozy en 2012? Mardi, le chef de l'Etat recevra des mains du député UMP Eric Ciotti un rapport visant à encadrer plus strictement l'exécution des peines par les délinquants. Cinquante propositions censées, selon son auteur, "nourrir la réflexion" du locataire de l'Elysée en vue du scrutin du printemps prochain. Or, l'une d'entre elle rappelle étrangement la dernière campagne présidentielle : selon Le Figaro, qui a pu prendre connaissance de ce rapport, le M. Sécurité de l'UMP préconise, pour "les mineurs les plus difficiles" "une forme de service civique" qui pourrait s'effectuer "sous encadrement militaire". Soit, quasiment mot pour mot, ce qu'avait proposé la candidate socialiste cinq ans plus tôt et qui avait donné lieu à une cacophonie certaine, y compris dans les rangs de son propre parti.
Loin de désarmer après l'élection de Nicolas Sarkozy, la présidente de la région Poitou-Charentes était même revenue à la charge au cœur de l'été 2010. Accompagnée par le maire PS de La Rochelle, Maxime Bono, Ségolène Royal avait réclamé à l'Etat l'autorisation d'expérimenter l'encadrement militaire des jeunes délinquants dans la région qu'elle administre. Las, la réponse du ministre de la Défense de l'époque, Hervé Morin, avait été cinglante : "Les militaires ne sont pas là pour encadrer la délinquance, il y a d'autres services de l'Etat pour cela. Il ne faut pas mélanger les genres", avait balayé l'ex-ministre centriste. Une réponse que "rien ne justifie", avait à son tour rétorqué l'élue socialiste, sans pour autant insister davantage sur cette initiative isolée, peu ou pas soutenue par la rue de Solferino.
Un problème d'efficacité
Moins d'un an plus tard, c'est donc au tour de l'UMP, par la voix d'Eric Ciotti, de relancer le débat. Sur messagerie toute la journée de lundi, le député provençal n'a pu préciser son projet au JDD.fr. Pour autant, dans les rangs de la majorité, l'idée apparait "séduisante" à plusieurs élus, qui mettent notamment en avant "la rigueur militaire afin de donner des repères à des jeunes complètement déboussolés". Pas de quoi, toutefois, adoucir la position du ministère de la Défense. Malgré un changement de locataire - Gérard Longuet a remplacé Hervé Morin - la ligne reste la même : "Ce n'est pas à l'ordre du jour, aucune étude n'a prouvé l'efficacité de ce dispositif", nous a-t-on répondu rue Saint-Dominique, au sujet d'une mesure qui, sous l'appellation de JET (Jeunes en équipes de travail), a eu cours de 1986 à 2003. Sans réel succès.
"Notre taux de réussite était faible", témoignait en 2006 – au moment où Ségolène Royal avait relancé cette idée – l'amiral Maurice Girard, le dernier président de JET. "Deux ans après leur passage chez nous, poursuivait le militaire dans les colonnes de Libération, on estime que seul un bon tiers des jeunes n’était pas retombé dans la délinquance. Et le taux de réinsertion diminuait au fil des ans, les jeunes devenant de plus en plus violents." De retour en 2011, et malgré un projet qui semble dépasser les clivages politiques, les obstacles demeurent : "Après la réforme de la carte militaire, où va-t-on trouver les financements nécessaires à cet encadrement?", soupire notamment un député UMP, interrogé lundi par leJDD.fr.