Éric Ciotti veut plus de résultats sur la sécurité
Publié le 10 Mars 2011
Le secrétaire national de l'UMP en charge de la sécurité a proposé mardi d'augmenter le nombre de places de prison supplémentaires, et souhaite que le «système judiciaire rattrape son retard» sur la fermeté de la réponse pénale.
09/03/2011 | Mise à jour : 07:42
Éric Ciotti: «Il y a des incohérences dans la chaîne pénale.»
Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro
LE FIGARO - Quelle est la mesure phare adoptée mardi par l'UMP ?
Éric Ciotti - Augmenter de 10.000 le nombre de places de prison supplémentaires d'ici à 2017, et faire un moratoire sur la plupart des fermetures en cours, pour aboutir à 20.000 places supplémentaires au lieu des 14.000 déjà prévues. Nous évaluons le coût de l'opération à 480 millions d'euros. C'est une dépense qu'il faut assumer, tout en répartissant mieux les détenus. Certaines prisons sont surpeuplées, d'autres, par exemple les établissements pour mineurs délinquants, sont sous-peuplées. C'est d'autant plus paradoxal que la délinquance augmente dans cette catégorie de la population.
Le manque de places est-il la seule explication du taux important de peines non appliquées ?
Cette pénurie explique qu'une partie des 100.000 personnes condamnées à de la prison soient actuellement en liberté, mais il y a aussi des incohérences dans la chaîne pénale. Des peines prononcées par les tribunaux, qui jugent au nom du peuple, sont défaites par la seule volonté d'un juge d'application des peines (JAP), qui décide de les transformer en mesures d'aménagement. Nous proposons que le parquet coordonne toute la politique d'exécution des peines et que le JAP se concentre sur le suivi des détenus en cours de peine. Nous voulons aussi que les remises de peine redeviennent la contrepartie d'une bonne conduite, au lieu d'être systématiques comme aujourd'hui. C'est l'incertitude sur la fermeté et sur la rapidité de la sanction qui contribue à instiller un sentiment d'impunité chez les délinquants, et une défiance vis-à-vis de la justice chez nos concitoyens.
La gauche et les centristes de la majorité vont encore vous reprocher de courir après le FN…
Une des causes de la montée du FN, c'est que nos concitoyens nous reprochent de n'avoir pas suffisamment traduit nos paroles en actes. Les Français qui ont voté pour nous en 2007 veulent des résultats, des résultats, des résultats. Tout le reste n'est que postures!
Pourquoi ces résultats ne sont-ils pas au rendez-vous ?
Ceux de la police et de la gendarmerie sont remarquables, mais en matière de sécurité - je le dis avec humilité - nous ne nous sommes pas assez préoccupés de justice et de réponse pénale. Nos propositions visent à permettre au système judiciaire de rattraper son retard.
Le gouvernement vient de renoncer à l'extension de la déchéance de nationalité A-t-il eu raison ?
Si la majorité s'organise en chapelles, nous sommes voués à l'échec. Une petite minorité ne peut dicter sa règle à l'immense majorité. La question de la déchéance de la nationalité est importante. Il faut se la poser, à l'occasion d'un texte plus global sur la nationalité, dont je souhaite que le Parlement soit rapidement saisi.