Exclusif. Comment les enquêteurs ont piégé Redoine Faïd (+communiqué SDPM)
Publié le 29 Mai 2013
La police savait que l'ennemi public numéro un était en région parisienne depuis trois semaines. Mais elle a tout fait pour qu'il croie le contraire. Récit.
Le Point.fr - Publié le 29/05/2013 à 13:06 - Modifié le 29/05/2013 à 13:47
Redoine Faïd a été interpellé dans la nuit de mardi à mercredi dans un hôtel de Seine-et-Marne, en grande banlieue parisienne, un mois et demi après sa spectaculaire évasion de la maison d'arrêt de Lille-Séquedin, le 13 avril. © IBO / Sipa
Les enquêteurs l'ont laissé croire qu'ils le pourchassaient au-delà de nos frontières. Après sa spectaculaire évasion de la maison d'arrêt de Séquedin, le signalement de Redoine Faïd, 40 ans, avait été transmis, dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen, à toutes les polices de l'espace Schengen (comprenant les territoires de 26 États européens). Redoine Faïd racontait lui-même qu'il utilisait régulièrement la Suisse comme une "excellente couverture pour aller à l'étranger" avec de "faux papiers" .
Mais, depuis trois semaines, la police savait que l'ennemi public numéro un poursuivait sa cavale en région parisienne et laissait croire sciemment que l'enquête se faisait "au niveau mondial", selon les termes du ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Selon une source proche de l'enquête contactée par Le Point.fr, sa localisation dans cet hôtel de Pontault-Combault en Seine-et-Marne, où il a été interpellé, s'est faite peu avant son arrestation. Les policiers ont remonté sa trace grâce à des renseignements humains et un déploiement de moyens techniques exceptionnels.
Selon nos informations, une quarantaine de véhicules banalisés ont pris place vers 2 heures du matin sur le parking de l'hôtel où le fugitif résidait
depuis plusieurs jours avec un complice qui lui servait, selon nos informations, d'"éclaireur" dans ses déplacements.
"Visage hagard"
Les hommes de la brigade de recherche et d'intervention ont surpris le malfaiteur en plein sommeil, "le visage hagard", un 9 mm automatique à ses côtés. Plusieurs armes seront saisies lors de l'arrestation, de même qu'une voiture. Les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (Oclco) se demandent si Faïd ne s'apprêtait pas à "remonter au braquage".
"Il a été surpris de nous voir débarquer", raconte un enquêteur pour qui le "complexe de supériorité" de Redoine Faïd l'a finalement trahi. L'homme
qui se caractérise lui-même comme en marge du milieu est "resté très isolé durant sa cavale sans jamais prendre contact avec ses proches", selon une source proche du dossier, à l'image
de Robert De Niro dans le film fétiche du braqueur Heat de Michael Mann
dans lequel l'acteur y interprète un braqueur à l'explosif pourchassé par un policier incarné par Al Pacino.
Redoine Faïd va retourner derrière les barreaux, mais l'enquête n'est pas terminée pour autant. Elle devra, en effet, établir les complicités dont il a bénéficié durant sa fuite, mais aussi pour une évasion visiblement minutieusement préparée.
JAMILA ARIDJ, JEAN-MICHEL DECUGIS ET CHRISTOPHE LABBÉ
COMMUNIQUE DU SDPM
C'est un premier soulagement pour la Police Municipale et les Policiers Municipaux. Les enquêtes doivent désormais se poursuivre : celles sur l'affaire qui a conduit à l'assassinat de notre camarade Aurélie et celle concernant l'évasion incompréhensible de FAID.
Toutes les responsabilités dans cette dernière devront être étudiées.
Le Président National,
Cédric MICHEL