Jean-Marie Bockel: «La contrainte permet de faire bouger les parents, pas l'abandon»

Publié le 12 Octobre 2010

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INTERVIEW - Le secrétaire d'Etat à la Justice évoque le rapport sur la prévention de la délinquance qu'il doit remettre au Président...

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Jean-Marie Bockel, lors d'une cérémonie à Bordeaux, le 19 octobre Nicolas Tucat AFP/Archives


Il est «très à l'aise» avec la politique sécuritaire du gouvernement. Et pour cause, Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Justice, a été chargé, au lendemain du discours de Grenoble, par Nicolas Sarkozy, de rédiger un rapport sur la prévention de la délinquance des mineurs.

Avant de le remettre la semaine prochaine au chef de l'Etat, il organise demain des Assises à ce sujet. Entretien exclusif.

Avec ce rapport sur la prévention de la délinquance des mineurs, n'avez-vous pas peur d'apparaître comme une simple caution au regard de la politique sécuritaire du gouvernement?

Je n'imagine même pas que ma démarche puisse être gadget ou caution tellement elle est au coeur de la cohésion sociale. Mon but est de surmonter un certain nombre de contradictions permanentes.

Pourtant, la prévention est plutôt un sujet qui rassemble...

C'est un sujet important aux yeux de tous mais disparate sur les réponses. Il y a le point de vue du maire, celui de l'éducateur, celui du policier, du juge, de la victime... Nous devons y voir clair.

Il y a aussi le point de vue du député (UMP) Eric Ciotti, qui propose de couper les allocations familiales à certains parents. Vous qui êtes de gauche, ça vous choque?

Non, nous sommes d'accord avec Eric Ciotti. C'est la possibilité de la contrainte qui permet de faire bouger les parents plutôt que de les abandonner. A la fin, je peux vous assurer que les parents vous remercient. Ils vous disent «Merci de m'avoir tendu la main».

Et l'encadrement militaire des jeunes délinquants prôné par Ségolène Royal?

Ca mérite d'être regardé. C'est un des points que j'évoquerai lors des Assises. Il faut analyser les expériences dans d'autres pays. S'exprime ici une certaine nostalgie de ce qu'a apporté le service militaire. Dans l'absolu, je reconnais que l'armée, par rapport à des jeunes en difficulté, joue un rôle positif considérable.

Annoncées lors du discours de Grenoble, plusieurs propositions du chef de l'Etat ont déjà été votées avec les lois sur la sécurité ou l'immigration. Qu'en sera-t-il de votre travail?

Je ne proposerai pas un grand soir législatif. Tout ce que l'on peut faire à législation constante est à privilégier. Mais je sais que le Président prend l'affaire très au sérieux. Ce qui est important, c'est qu'il dira et fera de mon rapport.

Avez-vous envie de rester au gouvernement après le remaniement?

D'abord, j'ai beaucoup de chance d'avoir une mission qui m'occupe. Tous les matins, je ne me dis pas «Mais qu'est ce qui va m'arriver?». A titre personnel, je me sens motivé pour continuer dans le cadre d'un raisonnement politique. La Gauche moderne peut jouer un rôle dans la perspective du deuxième tour présidentiel. Je suis loyal et fidèle. Et quoi qu'il arrive, je le resterai jusqu'en 2012. Tout ça dépend du Président. Moi, j'ai la positive attitude.

 

Recueilli par Vincent Vantighem

Rédigé par SDPM

Publié dans #politique et sécurité

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