La délinquance baisse, pas la violence

Publié le 24 Novembre 2011

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Le dernier rapport de l’ONDRP laisse apparaître une baisse des actes de délinquance. Mais dans les faits, c’est le degré de la violence physique ou morale contre les personnes qui augmente.

 

 

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Tout arrive. Laurent Mucchielli, sociologue bien à gauche, tire un bilan plus positif des derniers chiffres de la délinquance que Le Figaro, d’habitude plus conciliant envers le ministère de l’Intérieur. Ecrivant tous les deux sur le dernier rapport de l’ONDRP, le sociologue écrit sur son blog que cette étude « dément en réalité l’augmentation des violences », le leitmotiv de Guéant, alors le quotidien préfère titrer : « Les violences diminuent, mais pas les atteintes sexuelles ». 
 
Mais qu’en est-il réellement ? En fait, le rapport annuel de l’ONDRP comprend deux grandes études. L’une est une « enquête de victimation » : il s’agit d’une enquête sous forme de sondage, effectuée avec l’Insee qui mesure la délinquance du point de vue des victime. L’autre se base sur l’état 4001, qui recense les infractions relevées par les forces de l’ordre.
 
Bien évidemment, les deux études ne se recoupent pas. Soit parce que des victimes ne déposent pas de plainte parce qu’elles ont peur ou parce que la police ne les enregistrent pas, soit parce que des infractions relevées par la police n’impliquent pas d’autres personnes que l’auteur lui-même (séjour irrégulier, usage de drogues…), c’est ce qu’on appelle les « infractions relevées par l’action des services », relevées à l’initiative des forces de l’ordre et non suite à une plainte.  

HAUSSE DES VOLS AVEC VIOLENCE

Et l’enquête de victimation montre des résultats inquiétants. En 2010, 290 000 personnes de plus de 14 ans s’étaient déclarées victimes d’un vol avec violences contre 271 000 en 2009. En proportion de la population totale, 0,6% des personnes de plus de 14 ans se sont déclarées victimes d’un vol de ce type en 2010 contre 0,5% en 2009 et 0,4% en 2008.
 
Le taux de plainte reste bas mais ne change pas. En effet, l’état 4001 note que 121 038 infractions de ce type ont été relevées par les forces de l’ordre en 2010, soit un taux de plainte de 42%, le même chiffre qu’en 2009. 
 
A l’inverse, les vols sans violence diminuent.  En 2010, 1,6% des personnes de plus de 14 ans ont dit avoir été victimes d’un vol sans violence contre 2,4% en 2009. En admettant que la délinquance n’augmente pas globalement, elle devient de plus en plus violente dans sa forme. Le voleur est plus souvent un voleur de portable, n’hésitant plus à frapper sa victime, qu’un subtil pickpocket.
(Source : ONDRP)
(Source : ONDRP)

HAUSSE DES CAMBRIOLAGES

En clair, si on raisonne comme Mucchiellli (ou comme Guéant), on pourrait dire que les routes sont plus sûres parce qu’on croise moins de stationnements gênants et plus de personnes grillant les feux rouges.
 
Le principe est le même concernant les atteintes aux biens. En 2010, on a compté 9,3 vols ou tentatives liées à la résidence ou au véhicule pour 100 ménages contre 10 en 2009. Mais cette baisse est plus dûe à la baisse des vols concernant les véhicules, que ce soit le vol de la voiture en elle-même ou un vol à la roulotte (vol d’un GPS…) qu'aux vols concernant les domiciles. En 2010, 4,2% des ménages se sont dits victimes d’un vol lié à leur véhicule contre 5,5% en 2006. 
 
A l’inverse, les cambriolages de résidence principale sont en hausse. En 2010, 1,7% des ménages se sont dits victimes d’un vol ou tentative de vol de ce type contre 1,5% en 2009 et 1,3% en 2008. Hors, les cambriolages sont plus traumatisants qu’un vol de voiture pour les victimes vu qu’on fouille leur lieu principal de vie et sont surtout plus risqués, la maison étant l’endroit où on est le plus susceptible de se trouver en famille ou de laisser un enfant seul. 

UN INDICE GLOBAL NE SERT À RIEN

Notons au passage que Mucchielli prend, pour mesurer les cambriolages, le chiffre de 2,8% qui prend également en compte les cambriolages dans les résidences secondaires. Ce taux reste stable par rapport à 2009. Prendre cette statistique arrange bien le raisonnement du sociologue mais il masque le fait que la hausse des cambriolages concerne un peu plus la maison de Monsieur Tout le Monde que les villas de la Côte d’Azur occupées 2 mois sur 12.  
 
Bref, que ce soit à travers l’état 4001 ou les enquêtes de victimation, on voit que la mesure de la délinquance à travers un indice global ne sert à rien. Dans les faits, ce sont les infractions les plus violentes, les plus marquantes pour les victimes qui sont en augmentation. Dommage qu'une certaine gauche persiste à croire que la hausse de l’insécurité n’est qu’une invention de TF1 et du FN. Un aveuglément qui fait paradoxalement le jeu du gouvernement.

Rédigé par SDPM

Publié dans #politique et sécurité

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