RMC / Biarritz : le maire fait annuler des milliers de PV
Publié le 2 Juillet 2013
A Biarritz, le maire Didier Borotra a fait annuler plus de 10% des PV, jugeant que la police municipale faisait trop de zèle. Ces derniers ont porté plainte et l’opposition juge l’opération « honteuse ». Pour la ville, le manque à gagner, entre 2009 et 2010, a été de 70 000 euros.
Mathias Chaillot avec Johanne Burgell | RMC.fr | 01/07/2013
Biarritz, quand le maire trouve que la police met trop de PV, il les fait tout simplement sauter. C’est le quotidien Sud-Ouest qui a sorti l’affaire : selon un rapport de la Direction des finances publiques des Pyrénées-Atlantiques, plus de 3 600 PV (principalement de stationnement) ont été annulés entre mars 2009 et septembre 2010, soit 70 000 euros de manque à gagner pour la ville. Au total, 10 % des contraventions ont été effacées, 10 fois plus que la moyenne nationale. Et si ces annulations doivent obligatoirement passer par un officier du ministère public, aucune trace de ces interventions n'a été trouvée.
Le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) a déposé plainte contre X pour « destruction, soustraction ou détournement de fonds publics ou pièces par personne dépositaire de l'autorité publique », et une information judiciaire a été ouverte en avril 2012.
Le maire Modem, Didier Borotra, élu depuis 1991, s’explique : selon lui, la police municipale « n'était pas très qualifiée » et donnerait des PV à tort.
« Tout sauf équitable »
Cédric Michel, président national du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) qui a déposé plainte se dit « scandalisé » parce que le maire « rejette la faute sur les policiers municipaux. Il estime que nous ne serions pas très compétents, que nous manquerions de discernement, mais on verbalise avec équité et selon les lois de la République. Soit on veut une police municipale souple, soit on veut une police qui applique les règles, mais à ce moment-là, on applique les règles à tout le monde. Mais lorsqu’on classe des procès-verbaux illégalement à la tête du client, c’est tout sauf équitable ».
« Honteux, odieux, je n’ai pas d’autres termes »
Les mots utilisés sont encore plus durs pour Bernard Ithurbide, élu d'opposition (Parti communiste) à la mairie de Biarritz. « Je désapprouve totalement ce type d’acte royal. Il ne distribue pas des sous, mais il enlève des PV, c’est totalement anormal. Comme il est confronté à un problème de circulation automobile à Biarritz, la formule qu’il trouve pour ne pas pénaliser les biarrots, c’est supprimer autant de PV, c’est monstrueux. Sa démarche n’est pas vraiment clientéliste, mais il met tout de même en cause le travail de la police municipale sur ses qualités professionnels. C’est honteux, odieux, je n’ai pas d’autres termes ».