SECURITE : La police municipale sous pression
Publié le 16 Septembre 2010
Alors que les effectifs de policiers et gendarmes chutent, les policiers municipaux sont de plus en plus exposés en Lorraine comme en France : quatre d’entre eux ont été blessés à Aulnay et Beauvais.
Les policiers municipaux revendiquent « un armement plus lourd et de meilleurs moyens de communication. » Photo Pascal BROCARD
J’ai eu déjà le même problème un dimanche à Borny. Une vingtaine de jeunes avaient forcé les portes du gymnase et je peux vous jurer que c’est compliqué quand vous arrivez à trois ou quatre flics en face.
DOSSIER
C’est chaud ! Heureusement, la police nationale nous a assistés rapidement, sinon… », raconte [un syndicaliste].
Il est encore marqué par les événements du week-end dernier, qui ont fait quatre blessés parmi ses collègues d’Aulnay-sous-Bois et Beauvais.
Ils ont été pris pour cibles par de nombreux assaillants, alors qu’ils intervenaient pour régler des troubles de voisinage.
Depuis la mort d’Aurélie Fouquet dans une fusillade sur l’A 4, le 20 mai dernier, les policiers municipaux revendiquent « un armement plus lourd et de meilleurs moyens de communication ».
Car « vous ne savez pas sur quoi vous allez tomber en intervention. Je me rappelle le jour de l’attaque du fourgon blindé à Metz-nord, le 15 janvier 2007, nous devions effectuer des contrôles radar avenue des Deux-Fontaines. On aurait fait comment avec notre tonfa et notre lacrymo ? », interroge [P.A.] qui encadre une brigade de jour. Il appartient aux 100 fonctionnaires chargés d’intervenir jusqu’à 23 h dans le centre-ville ou les quartiers de Metz.
« Je reconnais que je n’ai pas utilisé mon bâton de défense en six ans. Mais le problème n’est pas là. L’Etat a prévu 8 000 à 10 000 suppressions de postes de policiers et gendarmes, donc on récolte de plus en plus de leurs missions, sans avoir les mêmes moyens. Il faudra quand même protéger les citoyens. D’autant plus que la société est de plus en plus violente », plaide le brigadier-chef.
Se protéger
Alors que les policiers nationaux sont en pleine négociation avec le ministère de l’Intérieur sur les indices de la catégorie B en prévision du rapprochement police-gendarmerie, Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance, semble quelque peu gêné aux entournures. « D’abord, je m’associe aux collègues municipaux. Il est clair par ailleurs que les représentants de l’Etat, policiers nationaux ou municipaux, gendarmes, pompiers, enseignants, seront de plus en plus violentés, agressés, blessés voire tués ! Pour le reste, quel est le bon équilibre en matière de sécurité en France ? Nous sommes en train de l’envisager actuellement. »
Une chose est sûre cependant pour le syndicaliste : « les municipaux doivent avoir le moyen de sauvegarder leur vie ou de sauver les citoyens, dès qu’il sont dans des missions comparables aux nôtres ».
Doctrine d’emploi
Justement, quel doit-être, aujourd’hui, le rôle des policiers municipaux, leur doctrine d’emploi dans le jargon des spécialistes ?
Les villes les plus riches de la Côte d’Azur (Cannes, Nice, Nîmes) ont créé de toutes pièces, et à coups de millions d’euros, des brigades anticriminalité, quand les communes les plus pauvres peinaient à maintenir le poste du successeur du garde champêtre.« Je ne crois pas que la police municipale doive assurer des missions police-secours. C’est au 17 de le faire. Doit-elle effectuer des surveillances de la voie publique? Je ne sais pas. Je suis d’accord pour des fonctions de prévention. Un seul exemple : à Paris, 1 300 policiers d’Etat font la circulation. Ne croyez-vous pas qu’en transférant cette mission, ainsi que d’autres comme des transfèrements de détenus vers les sociétés privées, on ne permettrait pas aux enquêteurs de police nationale de se concentrer sur l’investigation, les enquêtes plus techniques ? »
Voilà en tout cas une hypothèse qui va faire bondir François Grosdidier, partisan d’une police municipale survitaminée...
Alain MORVAN.
Publié le 16/09/2010