Valls, le prochain Premier ministre?
Publié le 9 Octobre 2012
Toujours plus populaire, omniprésent, le ministre de l'Intérieur prend du galon dans l'opinion et auprès de l'exécutif. L'Express dresse six raisons qui pourraient faire de lui le prochain locataire de Matignon.
MANUEL VALLS - Ancien conseiller à Matignon, directeur de la communication de François Hollande pendant la présidentielle, Manuel Valls a des atouts à faire valoir pour briguer le poste de prochain Premier ministre. afp.com/Philippe Desmazes
Il est (toujours plus) populaire
Alors que la cote de popularité de l'exécutif dégringole, Manuel Valls continue de plaire. Cet été, il s'est imposé comme le ministre le plus apprécié, y compris auprès des sympathisants de droite, et les bonnes opinions à son égard ont décollé depuis le mois d'avril.
Le baromètre politique TNS Sofres Sopra-Group/Le Figaro Magazine du mois d'octobre, publié ce jeudi, le confirme: il est le seul ministre de gauche à maintenir son niveau de popularité. A égalité avec François Fillon -44% d'opinions positives- il est même la personnalité préférée des Français interrogés dans ce baromètre.
En optant pour une ligne dure sur la sécurité, il a su séduire les électeurs de droite, tout en privant l'opposition d'un de ses principaux angles d'attaque: "l'angélisme" supposé de la gauche. Il est d'ailleurs plus apprécié par eux que par ceux d'Europe Ecologie-Les Verts.
Il est partout, tout le temps
Depuis sa nomination place Beauvau, Manuel Valls a assuré une présence médiatique quasi-continue. D'abord, en ouvrant les dossiers à la chaîne: démantèlement des camps de Roms, lutte contre les contrôles au faciès, zones de sécurité prioritaires,malaise des policiers, etc. Mais aussi à la faveur d'une activité sécuritaire ultra-chargée, des émeutes d'Amiens en août, auxrèglements de compte en série à Marseille et aux "ripoux" lyonnais, en passant par les manifestations islamistes ou le double meurtre d'Echirolles, où il a accompagné François Hollande à la rencontre des habitants du quartier.
La popularité de ce spécialiste de la communication intrigue et alimente la curiosité de la presse, qui le suit désormais en masse à chacun de ses déplacements. Le ministre de l'Intérieur vole ainsi de plus en plus souvent la vedette à ses collègues du gouvernement, comme lors d'un discours enflammé en plein milieu d'une université d'été du PS à La Rochelle jusque là très assoupie.
Il a déjà été pressenti pour le poste
Dès le 7 mai, au lendemain de l'élection de François Hollande, la presse bruissait déjà de rumeurs sur le nom de son futur Premier ministre. Avec celui de Jean-Marc Ayrault, circulaient alors ceux deMartine Aubry, Pierre Moscovici, Laurent Fabius et... Manuel Valls. Un sondage BVA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France, réalisé au soir du second tour, en faisait d'ailleurs le "premier ministrable" favori des sondés: à la question de savoir quelle personnalité les Français préfèreraient voir choisi comme Premier ministre, Manuel Valls décrochait la première place à 26%, contre 19% seulement pour Martine Aubry et 18% pour Jean-Marc Ayrault.
Seul bémol, le classement s'inversait intégralement chez les électeurs de François Hollande au second tour: Manuel Valls n'obtient alors que 18% des suffrages, contre 34% chez les partisans de Nicolas Sarkozy.
Il a conquis le coeur de François Hollande
Ancien rocardien, puis strauss-kahnien, Manuel Valls n'est pas un hollandais de la première heure. Il a même affronté le chef de l'Etat lors de la primaire socialiste pour l'investiture à la présidentielle. Mais au cours de la campagne, nommé directeur de la communication de François Hollande, il a su s'imposer auprès du futur chef de l'Etat, et le convaincre de sa loyauté à toute épreuve.
Confiant la gestion de la mairie d'Evry à son premier adjoint, il s'investit corps et âme dans la course à l'Elysée, jusqu'à empiéter sur les plates-bandes du vrai directeur de campagne, Pierre Moscovici. Quitte à contrarier les proches du futur président, qui le rebaptise du doux surnom de "contrôleur général" ou "Kommandantur".
Place Beauvau, il s'est d'ailleurs permis de prendre ses distances avec le programme de l'exécutif, en plaidant pour unralentissement du calendrier sur le droit de vote des étrangers aux élections locales.
Il garde la main sur le PS
Manuel Valls commence aussi doucement à exprimer ses positions au-delà de ses prérogatives, comme lors de son plaidoyer pour un nucléaire "filière d'avenir", en soutien au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Il garde aussi la main sur les affaires du PS: début septembre, le ministre avait dîné avec Vincent Peillon, Pierre Moscovici,Stéphane Le Foll et François Rebsamen pour évoquer la succession de Martine Aubry, alors en pleines négociations sur le choix de son successeur. Celle-ci a finalement tranché pour Harlem Désir, pour qui penchait aussi Manuel Valls.
Il connaît bien Matignon
"Matignon, je connais par coeur, j'y ai travaillé pendant des années", se vantait Manuel Valls pendant l'entre-deux tours de la présidentielle, selon Le Journal du Dimanche. Le ministre de l'Intérieur revendique en effet sur son CV cinq ans d'expérience au siège du gouvernement.
En 1997, il devient conseiller à la communication de Matignon. Il ne le quittera qu'après les municipales de 2001, pour se faire élire à Evry, qui deviendra alors son fief électoral. Sur proposition d'un certain François Hollande.
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