2012 : Valls se verrait bien place Beauvau
Publié le 22 Avril 2011
Sur la sécurité, Valls zigzague entre droite et gauche
Par Matthieu Deprieck, publié le 22/04/2011 à 16:04
Le député-maire PS d'Evry publie Sécurité, la gauche peut tout changer, un livre-programme, qui ne se cantonne pas aux doctrines socialistes, mais s'aventure aussi sur les thèmes de la droite.
Manuel Valls livre un programme complet sur les questions de sécurité.
REUTERS/Stéphane Mahé
Le livre de Manuel Valls, Sécurité, la gauche peut tout changer, est en librairie depuis ce jeudi (Editions du moment, 14,50 euros)
"Laissons à la droite, désormais, les postures de l'insécuritarisme et devenons le parti de la sécurité." Manuel Valls lance cette exhorte au coeur de son dernier ouvrage, 160 pages, qui détaillent son programme en matière de sécurité. Une phrase, qui ne reflète pas exactement la réalité. Car, le député-maire PS d'Evry ne tourne pas complètement le dos à la droite.
Ainsi, quand, dès la préface, il rappelle qu'il "exige en vain des pouvoirs publics une police des transports sur les réseaux de bus de la grande couronne parisienne", il rejoint ainsi l'UMP francilienne, qui se félicitait en mars dernier, de l'affectation de 300 policiers supplémentaires dans les transports.
A plusieurs reprises, Manuel Valls insiste sur l'importance de la répression, précisant que ce n'est pas un monopole de la droite. "L'opposition entre liberté et sécurité m'a toujours paru creuse", précise-t-il. Ainsi, il défend l'utilisation des caméras de surveillance, défendant même l'expression "vidéosurveillance", plutôt que "vidéoprotection" comme le disent certains socialistes.
Pas de tabou de la répression
"J'ai choisi à Evry d'équiper de caméras la plus grande partie du territoire", écrit-il. C'est plus que ce que réclame le PS dans son projet: "Nous utiliserons la vidéo-surveillance quand elle est utile, dans les endroits clos ou pour aider à résoudre des problèmes ponctuels comme des trafics", écrit le parti. Manuel Valls et ses camarades se rejoignent toutefois pour dire que la vidéo-surveillance n'est pas une "solution miracle".
De la même façon, sur les effectifs policiers, le député-maire d'Evry joue le réalisme: "Etant donné la situation de nos comptes publics, il faut dire la vérité aux Français, nous n'aurons malheureusement pas les moyens, à court terme, de revenir sur la totalité des suppressions d'effectifs réalisées par l'actuelle majorité." Dans le même temps, le PS affirme qu'il créera 10 000 postes de gendarmes et policiers, dont un millier dès 2012.
Surtout, le projet socialiste préconise l'instauration d'une police de proximité sur "tout le territoire", quand Manuel Valls milite pour la création de "Zones de sécurité prioritaires", dans lesquelles la "police de quartier" serait déployée en priorité. Les policiers volontaires pour exercer dans ces quartiers bénéficieraient d'une incitation financière. Un système que Nicolas Sarkozy veut appliquer, cette fois-ci pour les médecins dans les zones rurales.
Enfin, Manuel Valls s'engage pour la construction de nouvelles prisons: "Il faudra redévelopper un programme national ambitieux de rénovation, voire de construction." Le PS n'en parle pas dans son projet. L'UMP est, elle, sur la même ligne.
En route vers la place Beauvau?
La question des prisons est symptomatique du programme "sécurité" de Manuel Valls. Car, dans la foulée de cette prise de position en faveur de la répression, l'élu socialiste consacre de longues pages à la prévention. Il réclame un plus large aménagement des peines (bracelet électronique, centres éducatifs, semi-liberté,...) et propose même la tenue de séjours à la campagne ou à l'étranger pour les délinquants mineurs.
Tout au long de son livre, Manuel Valls critique le bilan de Nicolas Sarkozy, sans toutefois délivrer de blanc-seing à son propre parti.
Aussi, il ne manque pas de critiquer ses camarades, qui trouvent dans l'insécurité des explications sociales. Dans les dernières pages du livre, il prend également ses distances avec le concept de "care" porté par Martine Aubry: "J'ai la conviction que cette vision de la société est une erreur. Car l'individu n'est ni malade, ni en demande de soins."
Ségolène Royal a également le droit à son paragraphe: "J'ai longtemps cru que 'l'ordre juste' était une piste prometteuse. (Mais) cette formule est la résurgence même de la mauvaise conscience des socialistes à assumer le pouvoir."
A "l'ordre juste", Manuel Valls préfère "juste, l'ordre". Un bon slogan de campagne. Pas forcément pour la primaire, peut-être plus pour décrocher le ministère de l'Intérieur.
Valls s’imagine au ministère de l'Intérieur
Publié le 22 avril 2011 à 08h26 Mis à jour le 22 avril 2011 à 11h13
Manuel Valls, qui publie des propositions sur le thème de la politique de sécurité, semble être, pour l'heure, le meilleur prétendant au ministère de l'Intérieur.
Dans un livre paru jeudi, le socialiste tente d’imposer sa vision de la politique de sécurité.
Titre choc et date symbolique. C’est le 21 avril, date anniversaire du 1er tour de la présidentielle de 2002, que Manuel Valls a décidé de sortir son nouveau livre, intitulé Sécurité, la gauche peut tout changer. L’ouvrage, en forme de programme, compile les premières propositions du PS sur la question sensible de la sécurité.
Le député-maire d’Evry y propose notamment la création d’une police de quartier, ainsi que la création de nouvelles places en prison. Il souhaite en outre qu’une "réponse immédiate" soit apportée à la délinquance des mineurs, et même que soient mises en place des statistiques de la diversité.
Des mesures qui risquent de faire grand bruit, mais qui montrent avant tout que la gauche a bel et bien évolué en matière de politique de sécurité, un sujet sur lequel elle est traditionnellement mal à l'aise.
Manuel Valls, meilleur prétendant à la place Beauvau ?
Le livre de Manuel Valls sonne également comme un ersatz de programme ministériel. Ainsi, si le PS sortait victorieux des élections de 2012, l’élu socialiste pourrait bien se frayer une place au ministère de l’Intérieur.
Mais, pour l’heure, le principal intéressé nie en bloc. "Comment voulez-vous être candidat, et d’ailleurs on ne l’est jamais, à un poste ministériel, alors que nous n’avons pas de candidat, que nous n’avons pas gagné l’élection présidentielle ?", s’interroge ainsi Manuel Valls au micro d’Europe 1.
"En revanche, je suis candidat au débat d’idées et à faire en sorte que la gauche, grâce à une voix comme la mienne, soit crédible", concède-t-il plus loin.
Le "Monsieur Sécurité" de DSK
Manuel Valls avait été le premier à dégainer sa candidature aux primaires il y a deux ans. Il semble toutefois de moins en moins enclin à présenter sa candidature à la présidentielle, notamment en cas de retour de Dominique Strauss-Kahn en France.
Dans un tel cas de figure, le député ferait d’ailleurs partie de l’équipe de campagne de l’actuel patron du Fonds monétaire international.
En attendant, Manuel Valls va tenter d’asseoir sa crédibilité en tant que "Monsieur Sécurité", en allant dédicacer son livre un peu partout en France.