Les policiers municipaux attaquent le préfet
Publié le 27 Juillet 2011
Pierre Henry Maccioni, Préfet du Val d'Oise
SARAH NAFTI | Publié le 20.07.2011
«Un policier sans arme, c’est un gardien de square », estime Alain Lorand, maire (UMP) de Saint-Brice-sous-Forêt. Il y a six mois, l’élu a déposé en préfecture une demande d’armement de 4e catégorie — notamment les armes à feu et les Taser — pour les huit policiers municipaux de la ville. Demande restée lettre morte.
« Nous n’avons eu aucune réponse, j’aimerais bien savoir pourquoi on nous le refuse », précise l’élu.
Comme dans une quarantaine de villes du département, les policiers municipaux de Saint-Brice se
contentent d’un armement de 6e catégorie, soit des tonfas et des gaz lacrymogènes. Selon le maire, ce refus est lié « à une position de principe de la préfecture du Val-d’Oise »,
qui rejette « toute demande d’armement des polices municipales ». La préfecture conteste, assurant qu’« aucune décision de principe susceptible de recours n’a jamais été
prise », et précise qu’« il n’y a eu que très peu de demandes pour ces armes », sans donner de chiffres exacts.
C’est donc devant le Conseil d’Etat que le SDPM (Syndicat de
défense des policiers municipaux) a décidé de porter l’affaire. Cédric Michel, président du SDPM, indique que le texte du recours sera remis aux sages dans les
jours qui viennent. Un recours qui concerne le « refus implicite à la demande de Saint-Brice », et « la position de principe du préfet ». En septembre dernier, Pierre-Henry
Maccioni s’était prononcé devant le conseil général contre l’armement des policiers municipaux, s’attirant l’ire du SDPM. Depuis, le syndicat demande des
explications.
L’armement
létal est « une protection supplémentaire »
« L’armement doit être un choix des mairies et le ministre de l’Intérieur s’y est montré
favorable », affirme son président. « Sur la voie publique, il n’y a aucune différence entre nous et les nationaux, plaide Cédric Michel. Nous sommes
souvent les premiers sur les lieux et nous subissons les mêmes violences. » Selon lui, l’armement létal, par sa force de dissuasion, est « une protection supplémentaire » mais
pas « le signe d’un transfert de compétences avec la police nationale ».
Quant au maire de Saint-Brice, il regrette que « plusieurs bons éléments [soient] partis rejoindre
la police municipale d’Epinay (Seine-Saint-Denis) ». La ville n’est qu’à quelques kilomètres « mais là-bas, ils peuvent y être armés ». Et l’élu de relever le paradoxe de la
situation : « Nous avons un stand de tir sur la commune où viennent s’entraîner des policiers municipaux des villes avoisinantes, mais pas les nôtres. »