Beauvais veut aussi expulser ses délinquants
Publié le 6 Mai 2010
Après le maire PS de Clermont, Lionel Ollivier, c’est au tour de Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais, d’agiter la menace d’expulser les familles de délinquants de leurs logements sociaux.
En menaçant de supprimer les allocations aux familles de jeunes délinquants, le gouvernement a-t-il ouvert une brèche dans laquelle s’engouffrent les élus locaux, tout bord politique confondu? Il y a quelques jours, Lionel Ollivier, maire PS de Clermont, avait demandé par écrit au président de l’Opac l’expulsion de familles qui troublent le voisinage dans le quartier des Sables.
Mardi soir, lors d’une réunion de quartier, Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais, a elle aussi clairement évoqué cette possibilité.
A l’origine de cette annonce, la sauvage agression d’une retraitée de 74 ans à son domicile de Notre-Dame-du-Thil, dans la nuit du 1er au 2 mai. Une agression perpétrée par deux
jeunes de 19 et 20 ans, originaires du quartier. Malgré leur rapide condamnation et une incarcération express, l’émoi n’est pas retombé dans la cité des Fleurs à Beauvais. Les habitants
réclament davantage de sévérité. « On connaît ces jeunes et leurs familles, on ne peut pas rester les bras croisés » dénoncent les habitants. Pour eux, l’idéal serait de voir les
familles des fautifs quitter le quartier. Un souhait entendu par la municipalité. Le sujet devrait être abordé lundi prochain, lors d’un comité local de sécurité et prévention de la délinquance
(CLSPD).
Le procureur, la police, les services de la préfecture et l’Opac, le plus gros bailleur social du département, participeront à cette réunion pilotée par la ville. « A cette occasion, on
sollicitera l’Opac pour que ces familles quittent le quartier », confirme-t-on dans l’entourage du maire de Beauvais.
« Ces agressions sont intolérables, gronde Caroline Cayeux. Les victimes de ce genre d’agissements doivent impérativement déposer plainte… » L’incitation à se rendre au poste de police
le plus proche n’est pas innocente. En effet, si la plainte ne débouche pas nécessairement sur une enquête approfondie, elle constitue en revanche une preuve manifeste du trouble du voisinage. En
clair, les plaintes enregistrées donnent du poids aux demandes des élus. « Ce genre d’éléments, ajouté à d’autres témoignages de voisins ou de riverains, permettent de justifier une
expulsion ou au moins un relogement, décrypte Jean Diaz, en charge des difficultés locatives à l’Opac. Mais au final, la décision appartient au bailleur. Ce sont les seuls à pouvoir engager ce
type de procédure. »
Dans les faits, les expulsions pures et simples sont rarissimes. Avant d’en arriver là, les bailleurs disposent de tout un arsenal préventif. « On commence par une lettre avec accusé de
réception rappelant leurs obligations aux locataires, détaille Jean Diaz. Et si les troubles persistent, on rencontre directement les familles, on leur propose une mutation technique… »
Autrement dit, avant d’expulser, l’Opac cherche à reloger. Sauf que cette solution est vite confrontée à ses limites. A Beauvais, la famille actuellement dans l’œil du cyclone avait déjà fait
l’objet d’une telle « mutation technique ». Avant d’atterrir à la cité des Fleurs, elle avait été priée de quitter le quartier de la Soie-Vauban pour troubles du voisinage…