françois grosdidier, Woippy : « une question de priorité »
Publié le 16 Septembre 2010
Vous avez investi massivement dans votre police municipale. Pourquoi ?
François GROSDIDIER, député-maire de Woippy (14 000 habitants ): « Je vous dis tout de suite que je ne suis pas d’accord du tout avec le sous-préfet de Thionville qui suggère (lire RL de lundi) que la commune s’occupe de la prévention et l’Etat de la répression. Pour moi, il n’y a pas de compétence exclusive de l’Etat en matière de sécurité, mais une compétence principale, nuance ! Je considère qu’il y a un service public universel de police et de gendarmerie mais il existe des contextes et des besoins locaux. En ce qui me concerne, c’est un sujet de préoccupation quotidien. La police de Woippy est une police de proximité, qui travaille l’après-midi, le soir et la nuit, aux mêmes heures que les délinquants. La nuit, on a quasiment le même nombre d’équipages que la police nationale sur Metz. Et on est loin des caricatures de la Côte d’Azur ou de région parisienne, loin des clichés de cow-boys et de brigade anticriminalité (Bac) . »
François Grosdidier: « un sujet de préoccupation quotidien. » Photo Pascal BROCARD
Combien coûte votre police ?
« Environ un million d’euros par an pour 26 fonctionnaires, dont 5 sont partagés avec neuf communes du secteur. C’est un choix, évidemment. C’était en 2001, la demande des Woippyciens, celle de la sécurité. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent, mais de volonté et de priorité. Quand j’entends le maire d’Uckange dire qu’il ne peut pas, c’est ce que la gauche disait avant ici ! »
N’y a-t-il pas un risque d’escalade sur le terrain ?
« Non, cette question est même absurde. Quand on ne fait rien, on ne risque rien. Je vis avec la hantise de la bavure, mais pas parce que je n’ai pas confiance dans mes agents mais parce que je sais que l’erreur est toujours possible. L’accident du scooter, pourtant clair et net, est emblématique : si un accident s’était produit plus tard, on aurait reproché à la police municipale de ne pas être intervenue. Quand je vois à quel point nous avons été présumés coupables dans cette affaire… »
Faut-il armer les policiers municipaux ?
« Non, pas d’armes à feu. En 2000, dans le décret Jospin sur l’armement des polices municipales, il n’y avait rien entre la bombe lacrymogène, le tonfa et le 38 Spécial ou le 7.65 ! Ma doctrine, c’est que l’armement doit être adapté aux besoins. Marly, dans cette hypothèse, n’a pas les mêmes besoins que Woippy. Dans des missions où l’emploi est proche des Bac, je préfère des protections en kevlar pour mes hommes et qu’il soit doté d’armes non létales, type flash-ball ou taser. En plus, c’est plus dissuasif, car, en face, les délinquants savent qu’on peut s’en servir. La polémique est nulle et non avenue si ces armes-là sont bien utilisées. »
Propos recueillis par A. M.
Publié le 16/09/2010