Illusionnisme : Valls veut regagner des points

Publié le 5 Mars 2013

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Le Point.fr - Publié le 04/03/2013 à 19:47 - Modifié le 04/03/2013 à 20:22

 

Policiers agressés : Valls s'aventure sur

le territoire de Taubira

La mort de deux policiers sur le périphérique parisien réveille les divergences de vues entre les deux ministres stars du gouvernement Ayrault.

Manuel Valls vole au chevet des policiers, qui ne se privent pas de critiquer la politique pénale de Christiane Taubira.

Manuel Valls vole au chevet des policiers, qui ne se privent pas de critiquer la politique pénale de Christiane Taubira. 


Par MARC LEPLONGEON

 

Le gouvernement continue son numéro d'équilibriste, Valls et Taubira tirant chacun sur un bout de la corde, mais les mises en scène des deux ministres ne dupent plus personne. À Marseille en septembre, ou en Corse deux mois plus tard, ils s'affichaient ensemble pour réaffirmer l'engagement de l'État contre la criminalité organisée. Mais il aura fallu la mort de deux policiers, la semaine dernière sur le périphérique parisien, pour que les voix de la garde des Sceaux et du "premier flic de France" se fassent à nouveau discordantes. La raison : une animosité de plus en plus virulente entre magistrats et policiers, ces derniers affirmant ne plus être respectés sur le terrain. 

 

Au lendemain de la mort des policiers Boris Voelckel et Cyril Genest, percutés par un chauffard le 21 février, Manuel Valls appelle à une justice "sévère, impitoyable". Les policiers, tous syndicats confondus, s'insurgent eux aussi. Le syndicat Alliance police nationale, dans un communiqué, dénonce "l'impunité qui règne chez les délinquants". Avant que la colère des policiers ne se mue en une véritable critique de la politique pénale de Christiane Taubira. À quoi sert le travail des policiers s'il est admis que les délinquants "n'iront pas en prison ou qu'ils seront, d'emblée, peu ou pas sanctionnés ?" s'interrogent les policiers. 


Un "discours d'affichage"

Puis Alliance Police nationale réaffirme son attachement aux peines planchers, que la garde des Sceaux veut supprimer. "L'individualisation de la peine n'est plus adaptée à la société et à la violence actuelle", soutient-il. Samedi après-midi à Paris, Manuel Valls se fait l'écho de ces inquiétudes. En visite dans une bijouterie braquée du 20e arrondissement, le ministre de l'Intérieur déclare : "Je suis venu dire combien il me paraissait indispensable que les peines aggravées soient appliquées à l'égard de ceux qui s'en prennent aux forces de l'ordre." Et évoque une justice pas assez sévère, des peines trop légères et des sanctions qui doivent arriver dès les premiers délits. 


Sur les ondes de RTL lundi matin, le premier flic de France tempère : "Nous ne voulons pas participer à ce vieux débat inutile qui opposerait (...) la ministre de la Justice au ministre de l'Intérieur", assure-t-il. Tout en réitérant ses positions quelques instants plus tard : "La prison, l'enfermement sont utiles, aussi, pour les petites peines." Des déclarations publiques qui ne sont pas sans rappeler celles de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. "On est toujours dans la même surenchère, dans un discours d'affichage. Valls se positionne en gardien du temple des policiers", dénonce Françoise Martre, présidente du Syndicat de la magistrature. 


"Réinstaurer un climat de confiance"

À l'inverse, Frédéric Lagache, secrétaire général d'Alliance, applaudit un "discours juste, réaliste et pragmatique". "En 2007, 3 895 policiers ont été blessés en mission contre 4 910 en en 2011", affirme-t-il. Le constat est pour lui sans appel : "Plus personne ne craint la police. L'outrage à agent est banalisé, tout comme l'agression. Pratiquement personne n'est sanctionné suite à un outrage", soutient Frédéric Lagache. "Mes collègues ont l'impression que leur boulot est mis à mal par les magistrats", soupire-t-il. Aujourd'hui, les policiers ne déclareraient quasiment plus les outrages. "Un rappel à la loi pour un gamin qui nous traite d'enc... , ça lui fait de belles jambes", s'agace une source policière. 


Du côté de la magistrature, on assure que l'arsenal répressif est tout à fait adéquat. "Les violences sur dépositaires de l'autorité publique sont une circonstance aggravante", explique Françoise Martre. "Ce n'est pas en augmentant le quantum de la peine que cela va avoir un quelconque effet dissuasif", soutient-elle. Reste que les policiers en ont marre de "ces incivilités permanentes". "Savez-vous pourquoi un hôtel de police porte ce nom ? Parce que dans le temps, on offrait le gîte aux personnes en difficulté", explique Christophe Crépin, de l'Unsa Police. "On veut réinstaurer un climat de confiance", soutient-il.

 

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Rédigé par SDPM

Publié dans #politique et sécurité

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