"Cette bande nous harcèle depuis deux ans et demi"
Publié le 29 Avril 2010
EXCLU. Olivier (le prénom a été changé), le conducteur de tramway à Nice menacé à plusieurs reprises, notamment avec un sabre japonais, a accepté de témoigner exceptionnellement pour Metro.
Comment vous sentez-vous après la lourde condamnation de l’un de vos agresseurs
?
Je veux d’abord préciser que c’est la seule interview que je donnerai, je veux qu’on me laisse tranquille ensuite. Aujourd’hui, la pression commence à redescendre doucement.
Instruction
Un juge d’instruction vient d’être saisi par le parquet pour les menaces avec arme (le fameux sabre japonais) qui se sont déroulées le soir du samedi 18 avril au terminus du tramway de Las Planas.
Sur les images de vidéosurveillance transmises à la justice, sept individus apparaitraient.
Il semble que seuls quatre d’entre eux aient été identifiés.
Ce type de menace contre un conducteur de tramway, c’est fréquent ?
Non, en général c’est assez tranquille. Sauf qu’il y a cette bande de quatre ou cinq jeunes qui nous harcèlent depuis deux ans et demi. Ils insultent les conducteurs et s’amusent à bloquer les
portes pour empêcher le tram de repartir. Le tram est leur terrain de jeu, il y a déjà eu plusieurs plaintes contre X.
Comment vous êtes-vous retrouvé sous la menace d’un sabre ?
Le 18 avril au petit matin, ils bloquaient les portes de ma rame à tous les arrêts depuis le centre-ville. A la station Gorbella j’ai fait appel au PCC (Poste de commandement central, ndlr) qui a
envoyé la police municipale. Il était environ 1h40 quand les policiers les ont sortis du tram. Ils sont
venus me menacer verbalement. J’ai terminé mon service normalement. Quand j’ai repris mon service à 18h30, en sortant de l’ascenseur du terminus du Rouret, j’ai entendu "c’est lui, c’est lui".
J’ai vu quatre jeunes courir vers moi. Il y en avait un avec un sabre à la main. Les portes de l’ascenseur se sont refermées à temps, et je me suis réfugié dans le parking. L’agent de sécurité et
le gardien les ont mis en fuite. La police municipale est ensuite arrivée et m’a emmené en voiture à leur recherche. Nous en avons retrouvé
trois tranquillement installés dans un snack. Ils ont été interpellés... Pour moi, tout était fini.
Sont-ils ensuite revenus pour se venger ?
Quand j’ai repris le travail, cinq jours plus tard, le PCC m’a averti par radio qu’ils étaient revenus et m’attendaient au terminus. Quand ma rame est arrivée, il y avait des policiers municipaux sur place et les jeunes étaient partis. Mais le lendemain à 20 heures (samedi dernier, ndlr) je suis retombé par hasard sur le quatrième individu,
celui qui n’avait pas été interpellé. Il était dans la rame que je conduisais. C’est là qu’il m’a menacé à nouveau (ces dernières menaces lui ont valu une peine de six mois de prison dont trois
fermes mardi, ndlr). Maintenant, je suis arrêté quinze jours, mais je ne pense pas que je reprendrai la conduite du tramway.