La violence fait réagir
Publié le 21 Avril 2010
AUBEVOYE.Face à la montée en puissance des tensions, des insultes et des violences urbaines, le maire a convoqué les parents de ces jeunes qui sèment le trouble.
Comment en est-on arrivé là ? Que faire pour éviter que « ça » ne se reproduise ? Autant de questions qui restent aujourd'hui en suspens. Mais pour tenter d'y répondre, le maire d'Aubevoye, Jean-Luc Recher, a eu une initiative pour le moins inédite : convoquer, vendredi soir, les parents de jeunes qui ont semé le trouble et participé aux exactions perpétrées en début de semaine dernière à Aubevoye (lire ci-contre).
A tel point que le conseil municipal a failli démissionner en bloc.
C'est dire si cette réunion de crise était teintée de « gravité », sans toutefois donner des airs de « tribunal » à cet échange avec les parents. Et sans « balancer des noms. Nous sommes là pour
discuter calmement et voir comment nous pouvons faire pour réparer ça », expose Jean-Luc Recher, qui a prévu de rencontrer bientôt les habitants de la résidence, que l'on dit excédés par les
conflits avec la jeunesse.
Cette petite ville de 4 500 âmes, où presque tout le monde se connaît, est même comparée par le maire à « une banlieue difficile près de Paris ». Le dialogue de sourds a basculé dans une logique
d'affrontement et de règlement de comptes.
« Ça fait vingt-cinq ans que je suis à Aubevoye
et c'est la première fois que nous devons employer la force », témoigne Pascal Ratel, le chef de la police municipale. Pourtant, « la porte de la police est
toujours ouverte pour discuter », fait-il savoir.
Face à face, des élus d'Aubevoye et des parents s'interpellent. Ces jeunes sont-ils de simples « enfants », inconscients de ce qu'ils font, comme le laisse entendre un père de famille ? Faut-il
construire une salle pour permettre aux jeunes de se réunir le soir ? Les élus ne veulent ni verser dans l'angélisme, ni « se mettre à genoux devant leurs caprices » […]. « Ces jeunes refusent
l'encadrement et voudraient disposer d'une salle jusqu'à 5 h du matin. Cela va à l'encontre des principes d'éducation », martèle Jean-Luc Recher, qui ne veut pas entendre parler d'une salle de «
non-droit ». Selon les élus, beaucoup d'efforts ont été faits en direction de la jeunesse, pour l'accès à la culture et aux loisirs. Malgré le contexte de crise, « cinquante jeunes ont été
embauchés par la mairie et la communauté de communes », fait savoir le maire, qui en appelle au « respect » comme préalable au dialogue. Un père dont le fils a été placé en garde à vue a une
lecture plus radicale de la situation. « Je vais prendre des dispositions. Mon fils va me respecter, sinon je le vire ! »
En tout cas, s'il se refuse à « entrer en guerre contre les jeunes », le maire attend des sanctions. Et une réponse pénale.
V. F.