Lyon : violée et filmée dans la rue à 14 ans
Publié le 7 Mai 2011
Quatre adolescents âgés de 14 à 16 ans ont été mis en examen après avoir abusé d’une collégienne rencontrée dans la rue. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire et seront suivis par la protection judiciaire de la jeunesse.
CATHERINE LAGRANGE | Publié le 07.05.2011, 07h00
Lyon (rhône), jeudi. Une collégienne a été victime d’une tournante devant la gare TGV de la Part-Dieu mercredi après-midi. Un homme qui a aperçu la scène de son bureau a alerté la police. | (PHOTOPQR/« LE PROGRES »/PHILIPPE Juste.)
Apparemment, personne n’a rien vu. Mercredi vers 17 heures, devant la gare TGV de la Part-Dieu noire de monde, une jeune fille de 14 ans a été victime d’une tournante, un viol collectif mené par des adolescents, collégiens comme elle. Elle se promenait avec une copine lorsqu’elle a rencontré deux garçons de son âge qui les ont gentiment invitées à les suivre sur le côté de la gare, dans un endroit un peu isolé, entre la station de taxis et le dépose-minute.
Là, les deux adolescentes sont tombées sur un groupe d’une quinzaine de garçons venus de Villeurbanne, la commune voisine, dont elles reconnaissent certains. Flairant la mauvaise affaire, la copine s’éclipse, laissant la première jeune fille, moins réactive, au milieu du groupe. Et c’est à ce moment que son calvaire commence.
« L’un des garçons émet l’idée de lui demander une fellation à accomplir sous le regard des autres », explique Jean-Marc Rebouillat,
directeur de la sécurité départementale du Rhône. La jeune fille s’exécute au milieu du groupe, très amusé. Puis elle est priée de passer à un deuxième collégien, à un troisième, à un quatrième.
Pendant ce temps, deux garçons de la bande, âgés de 13 ans, filment avec leurs téléphones portables, sous le regard d’un petit frère âgé de… 6 ans. C’est un homme, apercevant de la
fenêtre de son bureau la scène, qui met fin aux violences en alertant la police.
Selon le procureur, «ce groupe n’était pas connu des services de police»
De nombreux passants étaient auparavant passés devant le groupe, sans broncher. « Nous sommes intervenus alors que les agresseurs étaient encore tous là, explique Jean-Marc Rebouillat, et nous avons interpellé quinze personnes. » La police récupère la jeune fille en état de choc, complètement prostrée et hagarde. Les quatre violeurs et les deux « cameramen » sont placés en garde à vue. Les premiers, âgés de 14 à 16 ans, ont été mis en examen hier matin pour « viols aggravés ». Passibles de la cour d’assises des mineurs, ils encourent dix ans de prison. Les deux auteurs des films, âgés de 13 ans, attendaient hier encore de savoir quelles poursuites la justice lancera contre eux. Le tournage d’images dans de telles conditions étant considéré comme une « complicité » depuis la loi pénalisant le « happy slapping », ils pourraient également être poursuivis comme les agresseurs.
« Ce groupe n’était pas connu des services de police, ce n’étaient jusqu’alors pas des délinquants, a précisé hier le procureur de la République Marc Désert, leur passage à l’acte est incompréhensible. » Les adolescents se sont montrés surpris lorsqu’ils ont été emmenés au commissariat, ne comprenant absolument pas ce qui leur était reproché et s’en ouvrant auprès des policiers. « Elle était d’accord, elle n’a pas dit non », se sont-ils défendus, éberlués d’entendre parler de viol, et qualifiant la victime de « fille facile ».
« La jeune fille n’a pas été contrainte par une violence physique, précise le procureur, mais elle a été contrainte par le nombre et par l’insistance de ces jeunes gens. » L’adolescente est décrite comme « timide ». Elle a elle-même expliqué ne pas avoir pu dire « non ». La proie idéale pour des garçons renforcés par la puissance du groupe, qui ne cherchaient qu’à s’amuser et n’avaient pas désiré organiser un guet-apens. « C’était juste l’opportunité », résume le directeur de la sécurité urbaine.
Un mineur de 15 ans a été écroué jeudi dans le Vaucluse dans le cadre d’une affaire de viol collectif en Ardèche. Il était déjà soupçonné d’avoir participé au viol d’une jeune fille de 17 ans alors qu’elle se baignait dans la mer à Marseille l’été dernier. Le suspect principal, également mineur, avait été écroué.
Le Parisien