La République du Loiret / SDPM : Trois villes de l’agglo arment déjà leurs policiers, et Fleury y songe
Publié le 19 Février 2015
Trois villes de l’agglo arment déjà leurs policiers, et Fleury y songe
Trois communes de l'agglomération ont équipé leurs policiers municipaux d'armes létales, depuis de nombreuses années. Mais le plus souvent, elles n'ont jamais été utilisées.
C'est Saran qui a dégainé la première, en 1983, en armant son unique policier municipal. Depuis, leur nombre a augmenté, mais le maire Maryvonne Hautain (PCF) n'est toujours pas convaincue. « Je suis plutôt dans le camp des "contre". Certains policiers sont pour, d'autres non, mais on a pris la décision ensemble de les laisser armés. Mais ce ne sont pas des shérifs, j'insiste beaucoup pour qu'ils règlent les problèmes par le dialogue, et c'est le cas. Ces armes n'ont jamais servi. »
Comme à Saint-Jean-le-Blanc, où les cinq policiers municipaux que compte la ville sont armés depuis plus de 15 ans, avec un « calibre 38 spécial ».
Une « décision grave »
À Olivet aussi, les armes sont toujours restées muettes, depuis leur instauration, en 2003. Et seuls les deux patrouilleurs en sont dotés. « Ce ne sont pas des cow-boys présents pour faire peur à tout le monde. Mais quand deux policiers sont dans une ville vide, la nuit… On peut comprendre leurs attentes concernant l'armement, admet le maire UMP, Hugues Saury. Ils suivent des formations, des entraînements… »
Et Hugues Saury voit même plus loin. « Les délinquants ne s'arrêtent pas aux limites d'une ville. J'aimerais donc une position commune à l'échelle de l'AgglO concernant l'armement des policiers municipaux. »
Justement, Fleury-les-Aubrais songe aussi à armer ses policiers municipaux, à leur demande. Mais la ville précise que la décision est « trop grave pour être prise à chaud ». Le sujet sera abordé avec la majorité, et avec l'ensemble des élus, in fine.
À Saint-Jean-de-Braye, on y réfléchit aussi, mais aucune décision n'a été prise.
Florent Buisson (avec Nicolas Da Cunha)
Des armes à feu qui font débat
«Jusqu'à présent, j'y étais réticent. » Façon de dire qu'il a changé son fusil d'épaule.
Lundi soir, Serge Grouard a annoncé en conseil municipal que l'armement (létal) des policiers municipaux était dans les tuyaux. « C'est une réflexion que nous avions avant les attentats », a précisé le maire UMP d'Orléans, tout en admettant que les « drames récents » et « les chiffres » qui montrent une augmentation des agressions envers ces fonctionnaires, l'avaient convaincu.
Sur la centaine d'agents orléanais, la majorité y est favorable. « J'ai toujours estimé que c'était nécessaire, confie un policier municipal de l'Uraic (Unité rapide d'assistance et d'intervention cynophile), qui travaille surtout de nuit. Il n'est pas question de jouer les cow-boys, le port d'arme automatique est strictement encadré (seulement en cas de légitime défense et c'est une lourde responsabilité. »
Une procédure longue
et coûteuse
Lourde, la procédure l'est également. Une fois la délibération adoptée par le conseil municipal – elle devrait lui être soumise avant l'été –, le préfet doit donner son aval. La demande doit être motivée par le cadre de la mission confiée aux policiers et il est vraisemblable que la totalité des agents ne sera pas équipée d'armes létales.
« Il y a toute une procédure à suivre, qui dure 10 à 12 mois environ, pour l'équipement des agents, et des locaux, notamment avec des coffres-forts », explique Michel Seguy, référent national des délégués du syndicat de défense des policiers municipaux, qui milite depuis sa création pour l'armement de la police municipale. « On part du principe que la loi nous confère une mission de service public, pour l'assurer le collègue doit pouvoir assurer sa défense et celle d'autrui. Un policier peut être sur une opération tout à fait banale et devoir recourir à une arme. »
Pour apprendre à s'en servir, chaque agent devra obligatoirement suivre une formation au tir de 15 jours, qui coûte environ 1.500 euros – et implique que le fonctionnaire soit remplacé. L'arme de service, de catégorie B, un revolver de calibre 38 ou 7.65. coûte, elle, autour de 1.000 euros, sans compter l'entretien.
Une mesure onéreuse, même si l'État a annoncé qu'il donnerait un coup de pouce aux mairies : plus de 4.000 revolvers sont mis à leur disposition, assortis d'une aide au financement de 8.000 gilets pare-balles.
Une mesure annoncée au lendemain des attentats de janvier, qui désole Corinne Leveleux-Teixeira, élue d'opposition PS : « On n'est pas d'accord avec l'armement des policiers municipaux, parce que ce n'est pas leur rôle. À Orléans, la majorité a pris le parti de confondre les missions de la police municipale et de la police nationale. Or, la police municipale n'est pas là pour traiter la question de la grande délinquance, de la criminalité ou du terrorisme, elle est là pour assurer la tranquillité publique, créer une relation de proximité et de confiance. Avec cette aide, le gouvernement aussi contribue à entretenir la confusion des missions ! »
Aurore Malval