Mais depuis les attentats, les prises de position semblent moins timorées. En Essonne, sur les 76 communes dotées d’une police municipale, 25* ont équipé leurs agents ou sont en train de le faire.
Combien ? Depuis 2000, chaque ville peut armer sa police sur ses deniers. Ainsi, 17 l’ont fait en Essonne, ou du moins ont reçu l’autorisation de le faire. A la suite des attentats, un décret a été publié en avril, autorisant les municipaux à utiliser à titre expérimental un autre type de revolver, jusque-là réservé aux forces de sécurité de l’Etat. Pendant 5 ans, un stock de 4 000armes est ainsi mis gratuitement à disposition des municipalités. En Essonne, 75 ont été distribuées à 11 communes candidates.
Effet attentats ? Oui pour certains, comme le maire de Mennecy, qui a vu en ces attaques « un véritable traumatisme pour les forces de sécurité », écrit Jean-Philippe Dugoin-Clément (UDI) dans le bulletin municipal d’avril. Pour d’autres, ces événements les ont surtout confortés dans leur position et la mise à disposition gratuite de revolvers est ainsi une occasion à saisir. « C’est un projet de longue date. Nous allons étendre les missions au-delà de 23 heures et je ne vois pas comment on peut assurer la sécurité de nos agents la nuit s’ils sont désarmés. Ils doivent pouvoir se défendre face à des gens qui sont maintenant surarmés », explique Nicolas Dupont-Aignan (DLF). Même son de cloche à Athis. « Nous arrivons à cette logique car les responsabilités régaliennes de l’Etat ne sont plus assurées », va plus loin Sylvie Carillon (LR) à Montgeron.
Un dispositif qui fait ses preuves ? « Au début des années 2000, on achetait des fusils à pompe dans la rue, raconte le maire de Courcouronnes, Stéphane Beaudet (LR). En 15 ans, la délinquance a baissé de 85 % ». Grâce aux armes qui protègent ses agents depuis une dizaine d’années ? « Un tas de dispositifs a été mis en place. C’est donc un tout. Ce qui est sûr, c’est qu’avant, les jeunes traitaient nos agents de fausse police », poursuit-il en précisant que l’arme n’a été sortie qu’une fois et n’a tiré aucune balle. Pour les 11 communes ayant profité du dernier décret, il est trop tôt pour faire un bilan. Car si les revolvers ont été distribués, ils n’ont pas forcément été utilisés. « Nous sommes en attente d’un arrêté pour que la préfecture autorise l’armement. Ce n’est qu’après que nous pourrons solliciter une formation. Et comme les centres sont saturés, nos agents seront au mieux formés au printemps. Il y a un décalage absolu entre les effets d’annonce et la réalité administrative », déplore l’édile de Mennecy.
L’initiative ne fait pas l’unanimité. Certains opposants soutiennent la démarche de leur maire. « Pour moi, quand on est policier, on est armé. C’est une question de sécurité mais aussi d’efficacité lors des missions », juge Elodie Jauneau (PS) à Yerres. D’autres, comme Mounia Benaili (PG) à Juvisy, n’y sont pas favorables : « La police municipale ne doit pas se substituer à la nationale. Renforçons celle-ci et accordons lui plus de moyens humains et financiers ». Même discours chez la député EELV, Eva Sas qui propose même de renforcer les moyens humains des renseignements généraux. Le syndicat Alliance Police Nationale n’y voit pas d’objection : « Il faut être pragmatique. La police nationale est de plus en plus déshabillée et travaille de plus en plus avec la municipale qui se retrouve sous le feu et qu’il faut donc protéger », déclare Claude Carillo.
D’après les données de la préfecture : * Athis, Champlan, Chilly, Corbeil, Courcouronnes, Crosne, Etampes, Etiolles, Juvisy, Evry, La Ville-du-Bois, Le Coudray, Linas, Longjumeau, Massy, Mennecy, Montgeron, Montlhéry, Paray, Ris, Saint-Germain-lès-Corbeil, Soisy-sur-Seine, Vigneux et Wissous, Yerres.


