Au Congrès, le Président du SDPM tape fort du poing sur le pupitre !

Publié le 10 Octobre 2019

Au Congrès, le Président du SDPM tape fort du poing sur le pupitre !
Au Congrès, le Président du SDPM tape fort du poing sur le pupitre !
Au Congrès, le Président du SDPM tape fort du poing sur le pupitre !

Le Congrès National de la Police Municipale / Territoriale a eu lieu le 4 octobre dernier à Velizy Villacoublay, en présence d'élus dont Mme La Députée Natalia POUZYREFF. Madame la Députée a inaugurée le Congrès par une minute de silence afin de rendre hommage aux victimes de l'attaque de la veille à la Préfecture de Police de Paris.

Après une conférence très intéressante de Maître Thibault de MONTBRIAL, le Président National du SDPM, Monsieur Cédric MICHEL, a pris la parole.

Nous vous livrons aujourd'hui, l'intégralité de son discours, très engagé.

Dans quelques jours, sera publié un compte rendu complet du Congrès avec reportage photos.

_______________________________

Madame la Députée,

Monsieur l’adjoint au maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les représentants de l’Etat,

Mesdames et Messieurs les Policiers Municipaux,

Mesdames et Messieurs,


Le Syndicat de défense des policiers municipaux entre dans sa 10ème année d’existence. Et si en 10 ans la police municipale est montée en puissance, ne laissant aucun doute quant à sa place de première force de sécurité de l’espace public, le bilan n’est pas satisfaisant.

Aujourd’hui, vous le voyez, des personnalités manquent à l’appel. Pris de manière isolée, chacune d’entre elle, aura une bonne raison, une raison légitime d’être absente. Mais, s’agissant de la police municipale, les politiques sont trop souvent, bien trop souvent absents, ce qui donne la fâcheuse impression, passez moi l’expression, d’être la 5ème roue du carrosse, quand il s’agit de répondre aux très légitimes attentes statutaires et sociales des policiers municipaux.

Tantôt indispensables, quand il s’agit de vanter leur politique de sécurité dans les journaux locaux ou nationaux, les politiques ne tarissent pas d’éloges concernant les agents de police municipale.

Mais dès qu’il s’agit de passer à la caisse, plus personne. Dès qu’il s’agit de répondre aux questions des représentants de la profession, on évite, on a toujours une bonne excuse.

Bien sûr, tous les maires, tous les élus et tous les politiques ne sont pas inattentifs aux sorts des agents de police municipale. Certains n’en ont simplement pas conscience.

Oui, le métier de maire, surtout dans les petites et moyennes villes est difficile. Très difficile. Et il faut le dire. Le décès tragique du maire Jean-Mathieu MICHEL, en est le triste constat.

Le Sénat s’est empressé et à juste raison, de mener une étude auprès des 34000 maires de communes sur leur sentiment de sécurité...ou d'insécurité.

Mais qu’en est-il des policiers municipaux ?

Le rapport du Sénat, publié il y a quelques jours, indique que les maires se font essentiellement agresser dans le cadre de la mise en œuvre de leurs pouvoirs de police.

Mais je répète, quand est-il des policiers municipaux ? Qui chaque jour, appliquent sur le terrain et pour le compte des maires, leurs pouvoirs de police ?

Pourquoi, le rapport du Sénat, sur l’état des forces de sécurité, dont le rapporteur était François GROSDIDIER et qui devait être parmi nous aujourd’hui, sur les quelques pages concernant les agents de police municipale, n’a—t-il pas repris, l’absence d’étude et de recensement des risques psychosociaux appelés RPS, et les agressions dont sont victimes chaque jour les policiers municipaux, tel que le syndicat le suggérait ? 

Pourquoi cela gêne-t-il tant de recenser  les blessures physiques et morales des agents de police municipale ?

Mesdames et Messieurs les élus, n’abandonnez pas vos policiers municipaux, car je vous le dit tel un avertissement !

Oui un avertissement, car aujourd’hui, vous le savez, c’est le grand mercato dans la profession : sur le plan national, il manque 3000 à 4000 agents pour pourvoir tous les postes vacants.

Si vous délaissez voir négligez, vos agents de police municipale et leur motivation à aller au travail, ils vous tourneront le dos et ils iront voir ailleurs.

Croyez-vous que cette situation durera éternellement ? 

Il ne sera plus possible de se faire de la pub sur le dos des agents de police municipale, qui se sacrifient au quotidien. Car ils se sacrifient au quotidien.

Tous les jours, partout en France, les médias rapportent les fais héroiques des agents de police municipales : ici et là, ils ont plongé dans l’eau glacé pour sauver une personne de la noyade, ici et là, ils ont arrêté avec pertes et fracas un trafiquant de drogue et avec une prise intéressante, ici et là, les policiers municipaux ont été blessés, et parfois ici ou là, l’agent de police municipale ne s’est pas relevé.

Oui, je vous le dit comme un avertissement.

Au Législateur, Au Gouvernement, vous êtes les premiers à dire qu’il ne faut pas laisser le thème de la sécurité aux populistes, car la sécurité est la première des libertés.

Mais puisqu’il n’y a aucune liberté sans responsabilité, n’oubliez pas que vous êtes responsables de vos agents. Ne les abandonnez pas dans leur lutte pour acquérir le droit à la dignité sociale, car là aussi, vous prenez le risque que les travailleurs de la sécurité, vous tourne le dos.

Mesdames et Messieurs,

Trouvez-vous normal, qu’un agent de police municipale qui a travaillé toute sa vie au service de la nation, au service de la sécurité et à votre service, partent en retraite avec moins de 1000€ par mois, soit le seuil de pauvreté ?

Cela est-il encore concevable en 2019 ?

Alors, mesdames et messieurs les élus, les politiques, que pouvons-nous faire ?

C’est vous qui avez le pouvoir.

Quand à nous, au syndicat, nous savons que ce que nous allons faire.

Très concrètement, en 2020, s’annonce des échéances électorales qui nous concernent tous. Et bien, partout où les maires s’étaleront dans les médias, locaux ou nationaux, le syndicat répondra dans ces mêmes médias.

Partout où les policiers municipaux ne peuvent pas ou ne peuvent plus, exercer leur métier dignement, que ce soit en raison du manque de moyens logistiques, moyens de défense, véhicules etc… comme en raison de manque de volonté sociale, nous le dénoncerons.

Nous inciterons nos collègues à aller vers les communes qui jouent le jeu et à délaisser celles qui ne le jouent pas.

C’est très clair.

Nous comptons sur vous aussi élus de terrain, députés, sénateurs, à être à nos côtés et à être force de propositions auprès du Gouvernement pour faire aboutir les très légitimes attentes des policiers municipaux et elles sont nombreuses.

Mes chers camarades, 

Cette deuxième partie nous concerne.

Mais que fait donc le syndicat ? Mais que font donc nos représentants ? Pourquoi cela n’avance-t-il pas ?

Voici des questions qui bercent ou plutôt cauchemardent notre quotidien.

Non seulement il faut sans cesse lutter, battre sans cesse le fer et remettre le métier sur l’ouvrage, pour éviter de régresser socialement car nous en sommes là, mais nous perdons, nous et nos délégués, une énergie et un temps titanesque à justifier notre activité auprès des nôtres.

Cela est-il normal ? Je ne le crois pas.

Je ne le crois pas, dans la mesure, s’agissant de notre syndicat, que toute notre activité, tous nos combats sont en ligne : retraite, volet social, armement. Sans parler de l’énergie que nous déployons dans la défense des dossiers individuels.

Oui, nous traitons plus de 500 dossiers par an.

Mes chers camarades, avant-hier, quelques 20 000 policiers nationaux ont manifesté dans Paris, à notre échelle, en sommes nous capables ?

Non. C’est une vérité peut être dure à entendre, mais c’est la vérité.

Les syndicats ne sont rien, si vous ne les suivez pas. Aucun gouvernement n’a octroyé un quelconque avantage social, à une quelconque profession, sans que celui-ci n’ai été arraché de force.

Sans vous les syndicats ne sont rien. Même si, nous sommes quelques milliers au SDPM, faisant du syndicat loin devant les autres, le majoritaire, la profession reste malgré tout, faiblement impliquée voir attentiste.

Autant, vous êtes capable d’un courage et d’une dévotion exceptionnelle pour protéger et défendre les administrés, et j’en suis le témoin chaque jour, autant vous ne défendez pas suffisamment vos propres intérêts.

Combien de fois, sommes nous saisis par des collègues qui nous disent « je parts dans 6 mois à la retraite et je ne touche quasiment rien, qu’avez-vous fait les syndicats ? » Et nous de répondre, "qu’as-tu fait toute au long de ta carrière pour prendre ton destin en main ?"
 
Adherez où vous voulez, au SDPM, ou ailleurs. Mais impliquez-vous ! Prenez votre destin en main !

Il est temps, mes chers camarades.

Car, sur le plan social, quoi que puisse en dire certains, rien de bon ne s’annonce, notamment dans la réforme des retraites, qui, mécaniquement aura pour effet de faire baisse votre salaire mensuel net.

Sur le plan professionnel, je ne crois pas que l’insécurité et le risque terroriste ait une quelconque chance de reculer pour demain.

Bien au contraire, on s’achemine, vers une plus grande implication de la police municipale, dans la coproduction de sécurité. En réalité, ce sera une officialisation de ce qui est déjà le cas, sauf, que les maires seront obligés, bon gré mal gré, de recruter et de développer leur service de police municipale s’ils veulent voir leur ville sécurisée.

Mais malgré tout, et parce que vous être d’une dévotion sans égale pour le bien de tous, je me dois de vous remercier, de vous féliciter et de vous encourager.

Et malgré aussi ce que j’ai pu évoquer dans la première partie de mon intervention, je remercie les élus et personnalités, qui s’impliquent à nos côtés à vos côtés, en espérant qu’ils soient, demain, bien plus nombreux.

Après cette intervention, nous aurons quelques échanges si vous le souhaitez, et enfin une remise de récompenses sera organisée.

Merci à tous.

Repost0