Nice-Matin : ''Les milices privées sont interdites'' : des syndicats de police contestent l'expérimentation de maîtres-chiens

Publié le 25 Octobre 2018

La municipalité va tester, pendant un mois, la sécurisation de plusieurs secteurs sensibles de Nice (Acropolis, Garibaldi, les Cigalusas, la rue Rossetti) par des maîtres-chiens.

Nice-Matin : ''Les milices privées sont interdites'' : des syndicats de police contestent l'expérimentation de maîtres-chiens

Le dispositif n'est pas encore déployé qu'il est déjà attaqué.

Le Syndicat de défense des policiers municipaux a demandé au préfet de retirer les autorisations accordées pour ce test. "On lui donne soixante-douze heures. Faute de quoi, le SDPM formera un recours devant le tribunal administratif de Nice", prévient le président.

Cédric Michel ne doute pas de gagner la partie : "En France, les milices privées sont interdites, c'est un principe constitutionnel. Il est interdit par la loi de faire surveiller l'espace public par des sociétés de sécurité privée, et quand bien même le préfet aurait donné son autorisation, cela reste prohibé. La mission des vigiles, avec ou sans chiens, se cantonne à de la surveillance de bâtiments. Sur la voie publique, ce sont des citoyens lambda, sans plus de pouvoir."

Les jurisprudences sont constantes, assure le président du SDPM qui affirme avoir déjà fait plier les maires de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et de Cluses (Haute-Savoie) dans des dossiers similaires.

Enfin, ajoute Cédric Michel, "cette décision peut surprendre quand le maire de Nice se vante d'avoir la première police municipale de France. Il a 500 policiers. Pourquoi ne sont-ils pas à même de résoudre les problèmes de la population ? Peut-être Christian Estrosi devrait-il entendre ses agents qui pointent des dysfonctionnements depuis des mois…"

Le SDPM est un opposant régulier de Christian Estrosi. Ce que la Ville n'avait pas manqué de rappeler lors du débat sur la présence de policiers non armés dans les écoles: "Ce syndicat s'oppose depuis plusieurs années à toutes les initiatives de la Ville de Nice (brigade équestre, directions successives de la police municipale, Reporty, reconnaissance faciale…)".

FO SUR LA MÊME LIGNE

Le SDPM n'est pas seul à protester: le syndicat SGP-FO Police nationale, par la voix de sa secrétaire départementale Célya Boumedien, tire également la sonnette d'alarme: "Nous avons perdu, entre 2004 et 2012, plus de 13.000 policiers et gendarmes en France. Pour pallier le manque d'effectifs et au vu du contexte d'insécurité, la mairie a trouvé cette solution. Cette position est recevable. Mais sous conditions. Elle ne doit pas devenir pérenne. On ne peut pas régler un manque d'effectifs de policiers nationaux par des vigiles. On ne sait pas dans quel cadre légal ils interviendront ni quelles seront leurs prérogatives. Y aura-t-il un recrutement, une véritable formation, un agrément sous contrôle du préfet ? C'est flou. Il faut recruter plus de policiers nationaux: on ne peut pas intégrer des vigiles dans le paysage sécuritaire et que cela devienne normal."

Même son de cloche du côté de la déléguée FO PM de Nice, Cynthia Foucault : "Nous nous interrogeons fortement sur ce dispositif qui semble créer une sorte de police bis sur la voie publique. Au vu de la violence actuelle contre les forces de l'ordre formées et qui ont des statuts, on se demande comment des agents de sécurité privée pourront intervenir et se protéger s'ils sont agressés. Il y a urgence à recruter des policiers nationaux et municipaux à Nice pour assurer ce genre de mission. La sécurité sur le domaine public doit rester aux deux forces de police: la nationale et la municipale."

L'OPPOSITION GRINCE AUSSI

L'opposant au maire Patrick Allemand (PS) monte également au créneau, s'étonnant "de l'accord donné par le préfet des Alpes-Maritimes pour cette expérimentation. Il ne s'agit ni plus ni moins que de déléguer des missions de sécurité sur la voie publique à des sociétés privées. C'est une première en France à ma connaissance, d'autant plus incompréhensible que la police municipale a les effectifs les plus élevés de France et dispose de 2.173 caméras de surveillance. Il serait plus judicieux de recentrer les missions de la police municipale en soutien de la police nationale pour la sécurité des Niçois plutôt que de la confier à des vigiles."

D'après nicematin

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