La police municipale fliquée
Publié le 15 Mai 2010
SEDAN (Ardennes). L'installation d'un logiciel capable de localiser à tout moment les policiers municipaux dans la ville, fait réagir le syndicat SdU des communaux qui crie « au scandale ».
SOUMIS à un certain droit de réserve, aucun des six policiers municipaux de la ville de Sedan n'a souhaité s'exprimer sur l'ambiance qui règne depuis quelque
temps dans leur service, installé dans les locaux de la Cité administrative.
Pourtant, à en croire Laurence Bernard, secrétaire du syndicat SdU, qui elle n'a strictement rien à cacher, l'ambiance est loin d'être au beau fixe. Elle serait même carrément pourrie : « Ça se
passe mal entre l'adjoint à la sécurité (NDLR : Jean-Claude Closse), et la police municipale » explique la syndicaliste qui, pour ne rien arranger, vient de découvrir l'installation d'un logiciel
permettant d'appliquer la géolocalisation des policiers municipaux ; ce logiciel étant directement relié à leurs nouvelles radios dotées de GPS.
« Si l'on nous dit que c'est pour assurer leur sécurité dans la ville lors de leurs différentes interventions, nous n'y voyons pas d'inconvénient. Mais à ce moment-là, il faut que l'écran de
contrôle soit installé au commissariat de police, car s'il reste à la Cité administrative, je me demande bien qui va surveiller nos policiers le dimanche après-midi ou en soirée ».
Pas au-dessus des lois
Le syndicat SdU a d'ailleurs adressé une lettre au maire, mais également à la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés), afin de dénoncer
les conditions dans lesquelles ce « système de surveillance » a été mis en place.
« La ville de Sedan n'est pas au-dessus des lois. Il y a des procédures à respecter pour mettre en place un tel équipement. Le comité technique paritaire doit en être informé, il faut également
élaborer une charte d'utilisation notamment en ce qui concerne la conservation des données. À Charleville par exemple, où la police dispose de ce type de matériel, il est prévu que les données
recueillies grâce à ce système ne puissent pas être utilisées lors de procédures disciplinaires. Dans le cas présent, nous sommes mis devant le fait accompli. Nous sommes tombés par hasard sur
deux techniciens de la société DHCOM qui étaient en train d'activer le système mardi dernier. Nous avons voulu interroger le maire plusieurs fois, mais il n'a pas daigné nous répondre ».
Dans notre édition du 9 février, l'adjoint à la sécurité avait tenté de rassurer tout le monde en assurant que la géolocalisation ne pouvait être activée sans le logiciel adéquat.
Néanmoins, le logiciel tant redouté semble aujourd'hui bel et bien connecté. Reste maintenant à savoir qui va surveiller quoi ?
« Vu les rapports qu'entretiennent en ce moment les policiers municipaux et certains élus, je doute fort que ce système soit uniquement installé pour assurer leur sécurité. Permettez-moi d'en
douter » s'indigne Laurence Bernard.
Contacté hier matin par téléphone, le maire Didier Herbillon nous a indiqué qu'il n'avait pas eu le courrier du syndicat SdU entre les mains : « Je répondrai éventuellement dès que je l'aurai lu
».
O.R.