[LE TELEGRAMME] : armement des Policiers Municipaux - Le Délégué du SDPM répond aux maires de Bretagne

Publié le 24 Septembre 2018

Trégor. La Police municipale veut « un armement complet » pour travailler

Publié le 23/09/2018

Publié le 23/09/2018

Les policiers municipaux seront-ils tous armés demain ? Le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) répond « oui » à cette question. Jacques Le Goux, délégué départemental de ce syndicat et responsable de la Police municipale à Lannion, explique pourquoi il y a urgence.


Vous êtes délégué départemental du SDPM (Syndicat de défense des policiers municipaux), dans les Côtes-d’Armor. Pouvez-vous nous présenter ce syndicat ?

Jacques Le Goux : « C’est le premier syndicat de défense des policiers municipaux. Nous sommes le premier syndicat professionnel. On est reconnu en Conseil d’État pour avoir une délégation pour défendre les policiers municipaux. Nous avons 300 sections et 70 délégations. Nous sommes présents dans tous les départements ».

Quelle est la position de votre syndicat sur la généralisation de l’armement des polices municipales ?

« Compte tenu de l’évolution de la délinquance, du terrorisme et de la société, on prône et on défend le principe de l’armement obligatoire pour tous les policiers municipaux. Ça fait partie de notre philosophie. Le SDPM se rend compte au travers des dossiers où on est amené à défendre des personnes qu’il y a de plus en plus de cas d’agressions, de collègues blessés ou tués. Depuis 1984, on a 15 policiers municipaux qui sont décédés en service ».

Le Trégor est-il touché par l’augmentation des agressions dont les policiers municipaux sont victimes ?

« Complètement… Le degré de violence augmente. Au quotidien, les collègues se rendent compte qu’il n’y a plus d’endroit où le risque zéro est garanti. Le respect de l’uniforme a disparu. Les gens ont un sentiment d’impunité. Ce n’est plus un simple policier municipal qui leur fait peur. Nous ne sommes plus en sécurité quand on travaille. J’ai souvenir qu’il y a eu une prise d’otage, il y a quelque temps, dans un supermarché de Penvénan. À Lannion, près du rond-point de la gare, c’est le bar-tabac qui s’est fait braquer. Ils ont quand même tiré un coup de feu. À un moment ou un autre dans le cadre de notre service, on peut tomber sur un flagrant délit ».

Que pouvez-vous faire dans ce cas si vous n’êtes pas armés ?

« Je suis père de famille. J’ai quatre enfants. Tous les collègues sont père de famille. On a une obligation d’intervention. On est chargé d’assurer la sécurité des gens mais il y a un défaut de moyens. Les maires veulent nous cantonner à un rôle d’informateur. Quand on est face à l’événement, on ne peut pas faire marche arrière. Déontologiquement, on est obligé d’intervenir. On nous donne des gilets pare-balles. Ça suppose qu’il y a des risques. C’est considéré que l’on a un rôle de cible alors que l’on ne peut pas se défendre. C’est très difficile d’accepter ça pour les policiers municipaux. Cette situation est assez ambiguë. Les délinquants sont conscients de cette situation ».

Dans cinq communes du Trégor, les policiers ne sont pas armés. Une proposition de loi sur le port d’arme des policiers municipaux prévoit que les maires, sur décision motivée, pourront rester dans cette situation. Que pourrez-vous faire dans ce cas ?

« La majorité des policiers municipaux est syndiquée. On interviendra. On sera attentifs. Nos missions s’adapteront aux raisons qui ont motivé la décision de ne pas être armé. Si on ne nous reconnaît pas la dangerosité et l’exposition aux risques, nos missions s’adapteront. On mènera aussi des actions. Il y a des choses que l’on pourrait faire si on était armé mais que l’on ne fait pas. On pourrait avoir une collaboration beaucoup plus efficace avec la police et la gendarmerie ».

Quel serait pour vous l’équipement idéal pour exercer vos missions ?

« Il faut un armement complet. Il faut des armes à feu. C’est hyperdissuasif. Il faut également des armes pour maîtriser les individus et les tenir à distance : bombe lacrymo et bâton. C’est complémentaire. C’est exceptionnel d’utiliser son arme mais le risque zéro n’existe pas ».

www.letelegramme.fr

 

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