Lille(59) : le SDPM réagit sur les recrutements
Publié le 12 Février 2020
Lille (59) : des candidats en manque de policiers municipaux
Ah la police municipale ! Que feraient les candidats sans elle ? A l’heure où les compétences communales se réduisent au bénéfice de la métropole, voilà au moins un domaine qui reste à la main du maire.
Les policier municipaux figurent donc en bonne place dans les programmes des candidats. Martine Aubry (PS) annonce le « recrutement de 50 policiers en plus des 120 postes actuels ». Violette Spillebout (LREM) vise « un doublement sur six ans pour aboutir à 240 agents ». Marc-Philippe Daubresse (LR) annonce « l’embauche de 50 policiers municipaux et 50 médiateurs prévention ». Eric Cattelin (RN) milite pour « un doublement et le développement d’une unité cynophile ». Jusqu’à Stéphane Baly (EELV) qui promet des « effectifs renforcés » et Julien Poix (LFI) qui prône « un poste de police municipal par quartier ».
Sur le papier, sous couvert d’y mettre les moyens (un policier municipal coûte environ 50 000 euros annuel à la mairie de Lille), cela semble facile. Or il y a un hic : sur les 120 postes de policiers municipaux actuellement ouverts à la mairie… une petite dizaine ne sont pas pourvus ! En clair, avant d’embaucher de nouveaux policiers, le futur maire devra les convaincre de ne plus bouder la capitale des Flandres. Rassurons d’emblée les Lillois chauvins : le phénomène est national. Le syndicat SDPM estime qu’ il manque 3000 agents diplômés pour combler la demande des collectivités en France. D’où une concurrence féroce entre communes pour attirer le pandore. Et à ce mercato, Lille ne joue pas les premiers rôles.
Pourquoi Lille a‑t-elle du mal à attirer les pandores ?
Question de rémunération ? A Lille, un policier municipal gagne en moyenne 2000 euros net par mois. Soit l’équivalent du salaire de base fixé par l’Etat : 1537 euros brut pour un gardien-brigadier en début de carrière, auquel il faut ajouter une indemnité de 20 %, une prime annuelle de 1000 euros et d’éventuelles heures sup”. « Sans être transcendant, c’est correct », juge Cédric Michel, président du syndicat de défense des policiers municipaux, pour qui la faible attractivité lilloise s’explique autrement.
« A Lille, les policiers municipaux sont cantonnés à la petite prévention et à la sécurité routière, ajoute-t-il. Dans une zone sensible comme Lille, il est inconcevable que les policiers n’aient pas d’armes à feu ». Contrairement à ce qui se passe dans d’autres villes, les policiers municipaux ne sont pas autorisés à patrouiller, calibre 38 au ceinturon. Tiendrait-on là les raisons de la faible attractivité lilloise ?
Sur le terrain, les avis sont partagés. « Il y autant de gens pour le port d’armes que contre » juge Quentin* qui a choisi de travailler à Lille pour suivre sa famille. Pour Janine*, 15 ans d’ancienneté dans la Capitale des Flandres, tout dépend des missions et des quartiers à surveiller. Affectée dans le centre et le Vieux-Lille, la policière juge l’armement inutile en journée. « Mais en patrouille de nuit, précise-t-elle, je serais plus rassurée avec une arme : on est moins nombreux et, depuis quelques années, il y a de plus en plus d’incivilités. »
L’armement des policiers au coeur de la campagne
Pour Violette Spillebout, Marc-Philippe Daubresse et Eric Cattelin, l’armement est une condition sine qua non pour attirer les policiers municipaux à Lille. Ces trois-là prévoient de les fournir en pistolets s’ils sont élus. A gauche, on reste opposé à une telle mesure et on préfère adapter les missions plutôt que leur donner des armes. Concrètement ? « On veut des patrouilles à pied avec des agents qui prennent le temps de jouer au foot avec les jeunes », ose Julien Poix.
« Il faut réaffecter les policiers municipaux dans le centre-ville et obtenir de l’Etat la présence de la police nationale dans les quartiers périphériques où le trafic de drogue est le plus important », dévoile-t-on dans l’entourage de Martine Aubry. Une mission qui devrait échoir à Jean-Claude Menault, ex-patron de la police dans le Nord, 12ème sur la liste de Martine Aubry et très probable adjoint à la sécurité si elle est élue.
*Les prénoms des policiers municipaux interviewés ont été changés
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