đ Le SDPM sur France Bleu Paris : Des Ă©lus craignent la "fuite" de policiers municipaux de la Seine-Saint-Denis vers Paris
Publié le 23 Novembre 2020
Jeudi 19 novembre, l'Assemblée nationale a donné un premier feu vert à la création d'une police municipale à Paris, lors de l'examen de la proposition de loi sur la "sécurité globale". Un premier pas qui satisfait Anne Hidalgo, la maire socialiste de la capitale, qui réclamait cette police depuis 2018, mais la nouvelle inquiète aussi certains élus de la banlieue parisienne.
Pénurie de policiers municipaux dans le 93
Pour Jean-Christophe Lagarde, député UDI de la Seine-Saint-Denis, la nouvelle police municipale de Paris risque d'attirer des agents en poste actuellement dans le 93 alors que les maires de ce département ont de grandes difficultés pour les recruter "À Drancy, la ville dont j'ai été le maire, il y a 44 postes ouverts, aujourd'hui, et seulement 21 policiers en poste", explique-t-il. "Vous imaginez, s'il y a une concurrence déloyale qui s'installe avec Paris qui a un meilleur statut, qui peut payer plus cher les policiers et qui commencent à ouvrir des centaines de postes ? Ça veut dire qu'on fermera des polices municipales dans un certain nombre de villes ?".
Comment retenir ces policiers ?
L'élu réclame donc une égalité de salaires et de primes entre les agents de Paris et la banlieue. Il demande aussi un rééquilibrage au niveau des policiers nationaux "quatre fois plus nombreux à Paris qu'en banlieue". "Quand ils [les Parisiens] n'avaient pas de police municipale, ça pouvait encore s'entendre, mais maintenant qu'ils vont en avoir une, il faut que des policiers nationaux qui sont en surnombre à Paris puissent venir assurer la sécurité en banlieue".
Stéphane Peu, le député communiste, a une autre solution pour éviter cette éventuelle fuite des agents du 93 : "Je pense qu'il faut introduire, comme on le fait dans d'autres métiers de la fonction publique, une obligation de cinq ans de service dans la collectivité qui les a recrutés et qui a financé leur formation".
"Les policiers municipaux franciliens pas attirés par Paris" selon le SDPM
Pas besoin d'en arriver là, assure Cédric Michel, le président national du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM). Selon lui, la plupart des collègues franciliens ne rêvent pas d'aller travailler à Paris. "Ils ne sont absolument pas chaud pour aller se confronter à l'insécurité, à la délinquance et au risque terroriste, totalement démunis et sans arme, puisque, je le rappelle, Madame Hidalgo est totalement contre l'armement".
Quant à l'aspect financier, le syndicaliste précise que la plupart des maires rémunèrent déjà au maximum leurs policiers municipaux, tellement ces agents sont demandés et attendus. La mairie de Paris n'aura pas une grande marge de manœuvre pour faire plus, d'après Cédric Michel. Selon lui, 'il manque 1 500 policiers municipaux, aujourd'hui, en Île-de-France
5 000 policiers municipaux à Paris d'ici 2024
Avec 5 000 policiers, d'ici 2024, formés dans une école parisienne, dotés de bâtons "Tonfa", pour lutter notamment contre les incivilités, la police municipale de Paris devrait être lancée en 2021. Pour atteindre ce nombre, des recrutements se succéderont pour compléter le contingent formé actuellement par les 3 200 agents de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP), essentiellement des Agents de surveillance de Paris (ASP) venus de la préfecture de police et Inspecteurs de sécurité de la Ville de Paris (ISVP).
D'après France Bleu Ile-De-France