REMANIEMENT - Brice Hortefeux prend la tête d'un ministère de l'Intérieur élargi

Publié le 16 Novembre 2010

http://www.lepoint.fr/images/commun3/header/logo2010.gif

 

Brice Hortefeux a été maintenu lors du remaniement gouvernemental au ministère de l'Intérieur, où il a assumé sans état d'âme la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis juin 2009. Fidèle du chef de l'État, Brice Hortefeux, 52 ans, prend, en outre, du grade puisqu'il hérite aussi du portefeuille de l'Immigration, qu'il avait déjà occupé pendant presque deux ans au début du mandat du Président, incarnant une action vivement critiquée par les défenseurs des droits de l'homme et la gauche. "Pour la première fois depuis une génération, le nombre de clandestins a commencé à décroître", affirmait-il à l'époque.

 

http://www.lepoint.fr/images/2010/11/15/200004-htfx-une-jpg_94097.jpgBrice Hortefeux, un fidèle de Nicolas Sarkozy, a été maintenu au ministère de l'Intérieur

 

L'organisation Réseau éducation sans frontières (RESF), créée pour s'opposer aux expulsions, l'avait désigné comme "un ministre de la rafle, un Stakhanov de l'expulsion, un ministre du chiffre imposé à tous les étages des administrations (...), un ministre de la peur".

 

L'ami de plus de 30 ans de Nicolas Sarkozy avait ensuite brièvement rejoint en 2009 le ministère du Travail, où il n'avait pas eu le temps de s'attaquer à l'impopulaire réforme des retraites, avant de toucher son Graal, le ministère de l'Intérieur, situé à quelques pas de l'Élysée. Présenté comme un homme indispensable, le "mécano de Sarko", selon le mot de son biographe Philippe Reinhard, fils de banquier et d'une enseignante, né à Neuilly-sur-Seine, a toujours exécuté à la lettre la mission assignée par son mentor. "Je ne connais pas l'engagement à géométrie variable ni la fidélité à cloche-pied. Mon engagement à ses côtés est donc total", a-t-il expliqué.

 

Vives polémiques

 

À l'Intérieur comme à l'Immigration, où il avait fait passer une loi de maîtrise de l'immigration limitant le regroupement familial, Brice Hortefeux a déclenché de vives polémiques. Une vidéo filmée en septembre 2009, lors d'une réunion de l'UMP, et diffusée sur Internet lui a valu cette année une condamnation pour injure à caractère racial à 750 euros d'amende et 2.000 euros de dommages et intérêts. On peut y voir une participante de l'université d'été de l'UMP déclarer en parlant d'un militant d'origine maghrébine : "C'est notre petit Arabe." Et le ministre de répondre : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes." Le ministre de l'Intérieur, qui s'était dans un premier temps défendu en expliquant qu'il parlait des Auvergnats et non des Arabes, a fait appel de cette décision.

 

Cet homme de haute stature, discret et à l'apparent flegme britannique, a suivi sans sourciller le virage sécuritaire amorcé fin juillet par Nicolas Sarkozy, notamment pour le démantèlement des camps de Roms et leur expulsion, malgré un tollé. Cette politique a été critiquée par l'opposition de gauche, mais aussi par une bonne partie de l'Église catholique, et a suscité un malaise jusque dans les rangs de la majorité.

 

Son combat de la fin de l'été 2010 pour la déchéance de la nationalité française des "polygames de fait" a également fait beaucoup de bruit, même si, finalement, Nicolas Sarkozy a arbitré en sa défaveur et limité cette mesure aux auteurs de crimes contre des représentants de la force publique. Les manifestations contre sa politique sécuritaire, comme celle qui, le 4 septembre, a rassemblé 77.000 personnes selon la police et 100.000 d'après les organisateurs, ne sont pas de nature à le faire changer d'avis.

 

Appui sans faille des policiers

 

Pour lui, la protestation est le fait d'un "regroupement hétéroclite, où se sont retrouvés une mosaïque de partis traditionnels mais aussi des groupuscules gauchistes et anarchistes", et cela "ne fait pas une politique". Sa principale cible est le Parti socialiste, accusé d'angélisme face aux problèmes de la délinquance. "Je crois sincèrement que le PS (...) a démontré qu'il n'avait rien appris, rien retenu, rien compris de ce qu'est un des défis majeurs de notre société qui est de lutter face à la délinquance", a-t-il dit.

 

Le ministre de l'Intérieur s'est également distingué par un appui sans faille aux forces de l'ordre, parfois même au mépris de la règle de séparation des pouvoirs selon laquelle un ministre ne peut commenter une décision de justice. La libération, début septembre, d'un homme soupçonné de l'attaque d'un casino et de tentative de meurtres de policiers a ainsi rallumé un vieux conflit avec les syndicats de magistrats, Brice Hortefeux ayant fait part de sa "très vive indignation".

 

L'homme, qui est souvent accusé par ses détracteurs de chasser sur les terres du Front national pour attirer à Nicolas Sarkozy les voix d'extrême droite, laisse pourtant parfois transparaître des états d'âme dans des tribunes ou interviews. Il a affirmé un jour se poser chaque matin "la question de savoir" si ce qu'il fait est "juste", si ce qu'il fait est "utile à la société".

 

source : www.lepoint.fr

Rédigé par SDPM

Publié dans #politique et sécurité

Repost0