Éric Ciotti : «Il faut davantage de places en prison»
Publié le 9 Décembre 2010
Député UMP des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti avance des propositions pour améliorer l'effectivité des sanctions.
Le député UMP des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, le 3 août 2010 à Nice.
LE FIGARO. - Que faut-il retenir de votre décapant audit parlementaire ?
Éric CIOTTI. - Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la justice fonctionne mal. Il faut un système plus efficace, plus rapide et surtout qui sanctionne mieux. Le temps de la réponse pénale ne cesse de s'allonger et l'on a atténué l'exemplarité de la peine. Alors que nous vivons dans une société où la violence progresse, le nombre de détenus ne cesse de diminuer. Songez que les rappels à la loi, ces mesures purement formelles, qui n'impressionnent guère les délinquants d'habitude, représentent, à eux seuls, près de la moitié des mesures alternatives aux poursuites !
Que préconisez-vous ?
On a beaucoup demandé en matière de lutte contre l'insécurité aux policiers et gendarmes. Je suis convaincu que les marges de progrès résident aujourd'hui dans l'amélioration de la réponse pénale. Il faut d'abord revenir sur la loi pénitentiaire de 2009 préparée par Rachida Dati. Ce texte, le seul que j'ai refusé de voter, risque de conduire à la déroute judiciaire, si l'on y prend garde. Il fait de la prison l'exception en matière correctionnelle pour toute condamnation jusqu'à deux ans d'enfermement. La détention provisoire est de moins en mois appliquée, les aménagements de peine se systématisent. Ce qui aboutit parfois à de dramatiques erreurs d'appréciation, encourage la récidive et démotive les forces de l'ordre. Nous ne pouvons pas soumettre notre loi pénale, comme l'a fait ce texte, à de simples contingences matérielles, au prétexte que les prisons seraient pleines, avec 61 000 détenus pour 56 000 places.
Vous militez donc pour davantage de places en prison ?
C'est une nécessité. Le plan des 13 000 places supplémentaires lancé depuis quelques années reste inachevé. Pour la bonne raison que l'on supprime quasiment autant de places en fermant les anciens établissements que l'on en crée en érigeant les nouveaux. Nous avons pourtant de la marge. Le taux d'emprisonnement en France est de 95 détenus pour 100.000 habitants. C'est deux fois moins ou presque qu'au Royaume-Uni, moins qu'en Espagne ou aux Pays-Bas. Des pays qui ne sont pourtant pas réputés pour bafouer les libertés.
Mais on ne peut répondre par le tout-carcéral…
Bien entendu. La pédagogie de la sanction demeure cependant le plus puissant outil de prévention. Je souhaite une grande loi d'orientation pour la justice, à l'instar de ce qui a été fait pour la sécurité par Nicolas Sarkozy, afin d'accroître les moyens humains et matériels nécessaires. En France, il y a à peine plus de magistrats aujourd'hui qu'au XIXe siècle.