La politique sécuritaire du gouvernement est-elle efficace ?
Publié le 3 Septembre 2011
| 03.09.11 | 14h08 • Mis à jour le 03.09.11 | 14h08
LES DÉBATS DE LA PRÉSIDENTIELLE FRANCE INTER "LE MONDE" PUBLIC SÉNAT AVEC DAILYMOTION - LE BILAN DE NICOLAS SARKOZY SUR LA SÉCURITÉ
Eric Ciotti, député (UMP) des Alpes-Maritimes : "Le résultat est globalement positif. Loin de moi l'autosatisfaction, mais les choses vont mieux. Elles se sont améliorées objectivement depuis 2002. J'entends l'agitation du PS mais, si l'on regarde les chiffres, il n'y a pas de comparaison entre la situation actuelle et ce qui s'est passé entre 1997 et 2002.
La violence reste un fait inquiétant : alors que tous les autres indicateurs sont à la baisse (- 17,5 % depuis 2002 contre + 17,6 % entre 1997 et 2002), il y a une hausse de 22 % des violences contre les personnes depuis 2002. Mais il faut lecomparer avec le + 55 % sur la période 1997-2002. Il y a une différence. On fait mieux que les socialistes."
Jean-Jacques Urvoas, député (PS) du Finistère : "La situation n'est pas satisfaisante. Mais ce qui m'intéresse, c'est de rechercher l'efficacité. Et c'est vrai que nous apprenons de nos échecs. Cela fait dix ans que nous ne sommes plus au pouvoir. Si nous n'avions pas consacré ce temps à comprendre, à regarder, àobserver des solutions nouvelles, alors nous n'aurions pas fait notre travail d'opposants.
Aujourd'hui, la gauche est prête à gouverner. Eric Ciotti est dans la situation des socialistes en 2002 : il ne veut pas voir la réalité. C'est normal, il finit le mandat, donc tout est formidable. En réalité, le système actuel ne marche pas. Nicolas Sarkozy aura été l'artisan de la discorde entre la justice et la police. Voilà deux services publics qui travaillent avec le même outil, le code pénal, qui ont la même ambition, protéger les Français, et qui se vivent aujourd'hui comme des adversaires, le moindre fait divers devenant l'objet d'une confrontation."
LA LÉGALISATION DU CANNABIS Jean-Jacques Urvoas : "Il faut constater l'échec de la lutte contre les trafics de stupéfiants. Il y a deux voies pour le régler. La réponse liberticide qu'incarne la majorité actuelle : la surenchère, le durcissement des peines, la présence policière encore plus forte. Et puis, il y a une tentation un peu libertaire : c'est une manière de dire que les dealers ont gagné, donc on suggère la dépénalisation du cannabis.
Ma proposition est double : d'abord, il faut harmoniser les forces de police quand elles agissent sur un territoire. Lutter contre le cannabis n'est pas simplement une question de sécurité publique, c'est une question de renseignement, de police judiciaire. Mais il faut aussi jouer la contraventionnalisation, c'est-à-dire qu'il fautpasser d'un délit à une contravention pour les consommateurs, afin que les forces de police se concentrent sur le démantèlement des trafics."
Eric Ciotti : "Le cannabis, c'est d'abord un produit dangereux. Tous les experts s'accordent là-dessus. Est-ce à direque, parce que l'alcool et le tabac sont aussi des produits dangereux, il faut légaliser le cannabis ? Est-ce que, demain, on fera la même chose pour la cocaïne ? Et après, l'héroïne ? Il faut être sérieux sur ce dossier. Le trafic de stupéfiants est à la source de beaucoup de réseaux de délinquance, d'argent caché. La seule solution, c'est de continuer à traquer ces réseaux sans relâche. D'avoir une politique de réponse pénale extrêmement ferme, dissuasive. C'est la sanction qui est dissuasive, et qui est le meilleur outil de prévention. Il faut continuer, même si on a quelquefois l'impression de se heurter à une montagne."